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Il faut beaucoup de chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse |
Nietzsche |
Des mouvements importants de protestation en Serbie, en Bulgarie, en Corée du Sud ont pris la rue pour critiquer le pouvoir en place, faire basculer l'ordre. La question de la démocratie se trouve une nouvelle fois posée.
Si on admet que le libéralisme ne s'épanouit pleinement que dans une démocratie (rien n'est moins sûr) et que le protectionnisme n'est que le reflet des économies totalitaires, fermées à certaines marchandises venues de l'autre système, on peut comprendre les désirs de démocratie qui font irruption, ici et là, notamment en Serbie. Généralement, on n'accouche pas sans sang, à quelques exceptions près dues à des consensus internationaux, politiques et religieux : l'Allemagne de l'Est et son mur symbole, la Pologne surtout, la Tchécoslovaquie et son velours marchand, puis l'ensemble des néo-démocraties libérales avec une banque faite pour soigner leur nouvelle image, la BERD.
Chaque pas vers la démocratie s'accompagne d'un bon point du FMI ou d'une autre instance bancaire occidentale (quelques milliards pour les infrastructures, les investissements).
La Serbie sera démocratique en 1997 car un consensus de libéralisation est en cours. Bill Clinton soutient Vuk Draskovic; à sa suite l'Europe, puis l'armée, la religion. Ils ont laissé faire la guerre en Ex-Yougoslavie pendant quatre ans. La démocratisation, qui devait inévitablement avoir lieu comme dans les pays voisins, a été retardée. C'eût été trop beau : une Europe démocratique d'Ouessant à l'Oural !
Après les marchands d'armes, les marchands d'entreprises. La paix arrive avec son cortège d'attachés-cases qui profite d'une zone en friche pour implanter leurs jetons. La rue de la Paix est celle qui rapporte le plus dans le Monopoli ! On pourrait comparer ces démocraties de l'Europe Centrale à des bébés éprouvettes, économiquement inséminées. La Procréation Mondialement Assistée !
Chaque pays de part son histoire, sa culture, s'adapte au concept démocratique. De leur côté, certains pays d'Afrique se sont offert le titre de démocratie comme Napoléon s'est couronné Empereur. Les fausses démocraties africaines ressemblent à des poupées confectionnées en accord avec les capitaux occidentaux, des poupées que l'on ferait passer pour de vrais bébés. En Centrafrique avec Patassé, au Tchad avec Deby, en Algérie avec Zéroual, au Zaire avec Mobutu ... règne une démocratie de façade qui masque une dictature et déculpabilise les vieux états démocratiques lorsqu'ils leur apportent des subventions ou les soutiennent militairement. On triche sur les mots.
La volonté de faire entendre sa voix dans la rue par des grèves, des manifestations reste une des composantes majeures du droit démocratique. Nous voulons devancer des élections législatives ou présidentielles, prenons donc la rue ... La grève en Corée du Sud est exemplaire. Elle montre que le libéralisme et la croissance économique peuvent aller à l'encontre de la démocratie. Ce désir de mettre au pas les syndicats en Corée du Sud va dans le même sens que les déclarations de Chirac contre les grévistes de la SNCF et les routiers : empêcher que la rue ou la route soit un lieu de contestation du pouvoir.
Une démocratie doit se nourrir des voix de la rue.
Un basque de 14 ans interrogé
après une rafle lors d'une manifestation à Paris.
"Ca vient d'où les Basques ? Du Magreb ? ... Ici on est en France,
et on parle français, vu ?" Le gamin dit qu'il ne comprend pas.
L'uniforme lui arrache le keffieh palestinien qu'il porte en écharpe.
"Enlève ton truc de bougnoule. T'es un rat toi hein ? Pourquoi
tu portes ça ?". Gifle. "Tu comprends ce que je dis ?".
L'autre secoue négativement la tête.
Art 1 : Gratuité des musées pour tous en tant que patrimoine universel.
Art 2 : Possibilité d'emprunter des uvres d'art de n'importe quel musée pour une durée déterminée allant d'un jour à trois mois. Un soir de solitude se munir de l'Origine du monde ou de l'Âge d'airain !
Art 3 : Invitation à prendre son plaisir en palpant les sculptures dans les institutions muséales, explorant physiquement les matériaux et les formes des uvres.
Art 4 : Avoir accès aux uvres conservées dans les réserves ainsi qu'aux collections particulières.
Art 5 : Possibilité de modifier la présentation des uvres : avoir le loisir de changer leur point de vue. Faire vivre l'uvre par tous les moyens imaginables et la ravir de son contexte momifié. Tant pis si c'est le bordel !
Art 6 : De musées en musées, amusons-nous à échanger les uvres ! Surprise d'un Titien dans un lieu inattendu ... Jeux de piste pour retrouver une uvre ...
Art 7 : L'ensemble des articles de ce décret promet des constructions inédites. Le désordre est bienvenu !
(...) Mon jacquemart me bat le ventre :
Dans quelque chose il faut que j'entre,
Cul bouche ou con.
Mais je ne vois pas ma voisine
Lançant son oeillade assassine
De son balcon.En vain coco dresse sa huppe :
Dans la maison pas une jupe,
Pas un bonnet.
La pine au poing, pose équivoque,
A défaut de con je t'invoque,
Veuve Poignet.Grande Vénus Masturbatrice,
Solitaire consolatrice
Des amoureux,
Puisque je manque de maîtresse
Accorde au moins à ma détresse
Tes plaisirs creux.Prête-moi cette main adroite
Qui sait, d'une caresse étroite,
Saisir l'engin,
Et fait jouer la pompe à sperme
Entre ses doigts qu'elle referme
Comme un vagin. (...)Les pieds appuyés au chambranle,
Lentement d'abord je me branle,
Et puis, presto :
Je développe mon extase,
Ponçant mon pilier de la base
Au chapiteau. (...)
Théophile Gautier, Poésies érotiques
Une de France-Soir :
"Mireille : couchée dans le ciel" 30/12/1996
Une de Libération : " S D F : couchés dans le froid"
30/12/1996
"Foutons bien, foutons
gaîment,
car il n'est rien de plus agréable que de foutre."
Un XXIème siècle où les relations humaines n'existeraient plus ! Telle est l'image que nous donne France Télécom de notre futur dans l'un de ses spots publicitaires arborés du slogan cynique : "nous allons vous faire aimer l'an 2000".
On peut voir cette pub pour Itinéris toutes les heures à la télévision. C'est celle où une jeune femme est cloîtrée dans sa voiture arrêtée sous une bretelle d'autoroute, lieu passablement désert et hostile, par une pluie battante. Elle est coincée entre le véhicule d'une bande de jeunes -loubards et punks- et un camion. A la vue du routier, elle ferme automatiquement toutes les portes. S'ensuit un échange minimal entre eux par vitres closes, pancartes et signes interposés visant à utiliser le produit. Autrement dit, le slogan semble beugler : "Munissez-vous d'un Itinéris si vous voulez survivre dans la jungle urbaine"! Il insinue que le téléphone portable sera l'arme de demain face au milieu. L'arme ne se retourne-t-elle pas contre elle-même ? Peur de l'autre, insécurité à son comble dans un paysage peu accueillant, voilà de quoi décourager les plus optimistes sur l'avenir d'un pays en crise. Voilà aussi de quoi nourrir des amertumes nationalisantes; mais il est vrai que c'est un marché électoral qui frôle le quart de la population française. Il n'est d'ailleurs pas plus faux que ces idées phobiques se généralisent, cette pub en est peut-être un exemple. Ainsi, non seulement le roi de la communication nationale s'imperméabilise à autrui, mais il entend nous faire aimer l'an 2000 en le montrant sous le pire jour ! Comment pourrions-nous le croire ?
A chacun ses mots :
Jean-Paul II et son appendicite
Boris Eltsine et ses rhumes
"Le fait divers, c'est cette sorte de denrée élémentaire, rudimentaire, de l'information qui est très importante parce qu'elle intéresse tout le monde sans tirer à conséquence et qu'elle prend du temps, du temps qui pourrait être employé pour dire autre chose. Or le temps est une denrée extrêmement rare à la télévision. (...) La télévision a une sorte de monopole de fait sur la formation des cerveaux d'une partie très importante de la population. Or, en mettant l'accent sur les faits divers, en remplissant ce temps rare avec du vide, du rien ou du presque rien, on écarte les informations pertinentes que devrait posséder le citoyen pour exercer ses droits démocratiques".
On voit bien que la mode actuelle est d'imprimer beaucoup et de ne rien lire |
Giacomo Leopardi, Pensées |