IRONIE numéro 134 - Novembre 2008

Éloge raisonné des lettres de Félix Mendelssohn

Saluons par ce montage de citations tirées des Lettres de Félix Mendelssohn l’existence d’une nouvelle maison d’édition, créée en avril 2008 : Archives Karéline.

Félix Mendelssohn (1809-1847) se révèle tel qu’en lui-même : musicien de génie. Il est aussi cet érudit qui traduisait Térence à dix-sept ans, qui assistait avec passion aux cours de Hegel et qui rendait visite à Goethe.
Ces lettres commencent à Weimar le 21 mai 1830 (Félix Mendelssohn a 21 ans) et se terminent à Londres le 1 juin 1832. Elles peuvent être lues comme le journal de bord du long voyage qu’entreprend le jeune musicien en Europe. Il passe par l’Autriche, la Hongrie, l’Italie (Venise, Florence, Rome, Naples, Milan), la Suisse, la France et l’Angleterre. Voici les recommandations de son père, un banquier de Berlin, qui lui financera l’ensemble du voyage : « Va, visite l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, la France, l’Angleterre ; étudie ces différents pays et choisis, pour t’y fixer, celui qui te plaira le mieux ; fais aussi connaître ton nom, montre ce dont tu es capable, afin que, là où tu t’établiras, on te fasse bon accueil, et qu’on s’intéresse à tes travaux. »
Les réflexions et les impressions qu’il rapporte sont pleines d’humour et de joie de vivre, un véritable manifeste de savoir vivre où la fête et la foi se côtoient admirablement. Goethe disait de lui : « Ce jeune homme est né sous une heureuse étoile. »
Allez, musique...

Goethe

24 mai 1830.
« Je mène ici une vie splendide, et je jouis au grand complet de la société de Goethe. Jusqu’à présent j’ai dîné tous les jours à sa table ; ce matin encore j’y suis invité, et ce soir, il y aura chez lui une réunion où je dois jouer. Il parle de tout, s’informe de tout, c’est un vrai plaisir. »
Il m’invita à lâcher ma bordée avec lui, et comme je ne me le fis pas dire deux fois, il redevint tout à fait le Goethe que j’avais connu, et même plus bienveillant, plus familier que je ne l’avais jamais vu. Il parla de toutes sortes de choses, entre autres de la Fiancée du brigand, de Ries (un élève de Beethoven, N.d.l.r.). Il y a là, disait-il, tout ce qu’il faut pour faire le bonheur d’un artiste : une fiancée et un brigand. Puis il se moqua des airs langoureux et mélancoliques que se donnent aujourd’hui tous les jeunes gens.
Il roulait de grands yeux comme un vieux lion. Alors il fallut me mettre au piano. "C’est singulier, disait-il, que je sois resté si longtemps sans entendre de musique ! Pendant ce temps, vous n’avez pas cessé, vous autres, de faire progresser l’art, et je ne suis plus au courant ; allons, expliquez-moi cela tout au long, car il s’agit maintenant de causer raisonnablement".
Il m’invita donc encore à dîner avec lui aujourd’hui, et le soir je lui ai joué une foule de choses. Il me le répéta lui-même, que je devais venir tous les jours dîner avec lui quand je n’avais pas d’engagement ailleurs. Jusqu’à présent j’ai dîné chaque jour à sa table, et hier il me fallut lui parler de l’Ecosse, d’Hengstenberg (théologien protestant à l’université de Berlin, N.d.l.r.), de Spontini, et de l’Esthétique d’Hegel. Il m’a envoyé aussi à Tiefurth avec ces dames, mais en me défendant d’aller à Berka, parce qu’il y demeure une jolie fille, et qu’il ne veut pas, dit-il, être la cause de mon malheur. Voilà bien le Goethe dont on dira un jour que ce n’était pas une seule personne, mais un composé de plusieurs Goethides, et il faudrait que je fusse un insensé pour regretter le temps que je passe avec lui. Aujourd’hui je dois lui jouer du Bach, du Haydn et du Mozart, et le conduire ainsi jusqu’à nos jours, comme il le dit lui-même.

25 mai 1830.
« Hier, j’assistais à une soirée chez Goethe, et j’y ai joué seul tout le temps. J’ai joué le Concerto, l’Invitation à la valse, la Polonaise en ut, de Weber, trois morceaux français et des sonates écossaises. À dix heures, c’était fini ; mais naturellement, je suis resté pour les chants, les danses et autres folies, jusqu’à minuit ; je mène une vie de païen. Le vieillard se retire toujours dans sa chambre à neuf heures, et, dès qu’il est parti, nous dansons sur les banquettes ; nous ne nous sommes encore jamais séparés avant minuit.
Goethe est si bon pour moi, si affectueux que je ne sais comment l’en remercier, comment lui en témoigner ma reconnaissance. Avant midi, je dois, pendant une petite heure, lui jouer sur le piano des morceaux des divers grands compositeurs, par ordre chronologique, et lui expliquer comment ils ont fait progresser l’art. Pendant ce temps-là, il se tient assis dans un coin, sombre comme un Jupiter tonnant, et ses yeux lancent des éclairs. Il ne voulait pas du tout mordre à Beethoven ; mais je lui dis que je ne savais comment le lui faire comprendre, et je me mis à jouer le premier morceau de la Symphonie en ut mineur, qui lui fit une impression tout à fait étrange. Il commença par dire : "Mais cela ne produit que de l’étonnement et n’émeut pas du tout ; c’est grandiose." Il murmura encore quelques mots entre ses dents ; puis, après une longue pause, il reprit : "C’est très grand et tout à fait étourdissant ; on dirait presque que la maison va crouler ; mais que serait-ce donc si tous les hommes ensemble se mettaient à jouer cela ?" À table, au milieu d’une conversation, il y revint encore. Vous savez déjà que je dîne tous les jours avec lui ; pendant le dîner, il m’adresse des questions les plus minutieuses, et le repas fini, il est toujours si gai, si expansif, que le plus souvent nous restons encore seuls dans sa chambre pendant une heure entière, où il parle sans discontinuer. C’est pour moi un plaisir sans pareil que de le voir tantôt aller me chercher des gravures et m’en donner l’explication, tantôt porter un jugement sur Hernani et les élégies de Lamartine, ou bien sur le théâtre et les jolies filles. Il a déjà donné plusieurs soirées, ce qui est maintenant on ne peut plus rare chez lui, de sorte que la plupart des invités ne l’avaient pas vu depuis longtemps. Il me fait alors beaucoup jouer et m’adresse devant tout le monde des compliments, qu’il résume le plus souvent en ces deux mots : "C’est étourdissant !" Aujourd’hui, il a convié à mon intention une foule de beautés de Weimar, parce que, dit-il, je dois vivre aussi avec la jeunesse. Lorsqu’au milieu de pareille compagnie, je m’approche de lui, il me dit : "Mon cher enfant, il faut aller parmi les dames et y faire de ton mieux." Du reste, on sait son monde, et je lui ai fait demander hier si par hasard je ne venais pas trop souvent. "Eh quoi ! répondit-il en grondant à Ottilie, qui lui faisait la commission, je vais seulement commencer à causer avec lui, car il s’exprime très clairement sur son art, et il a beaucoup à m’apprendre." »

6 juin 1830.
« Quelques jours après ma dernière lettre, datée de Weimar, je voulais, comme je vous l’ai mandé, partir pour Munich ; je le dis même en dînant à Goethe qui ne souffla mot. Seulement, après le dîner, il attira Ottilie à part dans l’embrasure d’une fenêtre et lui dit : "Tu feras en sorte qu’il reste." Elle vint en conséquence faire avec moi plusieurs tours de jardin et s’efforça de me persuader, mais je voulus faire preuve de fermeté et je persistai dans ma résolution, alors l’illustre vieillard vint lui-même à moi et me dit : "À quoi bon tant te presser ? J’ai encore beaucoup de choses à te raconter, et tu as, toi, beaucoup de choses à me jouer. Quant à ce que tu m’as dit du but de ton voyage, cela ne signifie rien du tout ; Weimar en est maintenant le véritable terme, et je ne vois pas ce qui te manque ici, que tu puisses trouver dans tes tables d’hôte..." Bref, il me pressa tant que j’en fus tout ému. Ajoutez à cela qu’Ottilie et Ulrique se mirent aussi de la partie et essayèrent de me faire comprendre qu’il ne forçait jamais les gens à rester, mais bien souvent à s’en aller.
Il se mit ensuite à me raconter des histoires du temps où il était encore directeur du théâtre de Weimar, et comme je le remerciais : "Oh ! me dit-il, cela vient par hasard, ce sont des souvenirs qu’évoque votre aimable présence et que je saisis au passage." Ces paroles furent bien douces à mon cœur ; bref, j’eus avec lui, ce jour-là, un de ces entretiens qu’on ne peut jamais oublier. Le lendemain, il me fit présent d’un feuillet de son manuscrit de Faust au bas duquel il avait écrit : "À mon jeune et cher ami F. M. B., le puissant et doux maître du piano, souvenir amical des agréables jours de mai 1830. – J.-W. Goethe."
Quand je vins le matin prendre congé de Goethe, je le trouvai assis devant une grande gravure. "Oui, oui, me dit-il, on part maintenant ! Nous verrons à nous maintenir debout jusqu’au retour." »

11 décembre 1830.
« Je reçois à l’instant votre lettre qui m’annonce la maladie de Goethe. Je ne saurais vous dire l’effet que m’a produit cette nouvelle. Pendant toute la journée, j’entendais sans cesse retentir à mon oreille ses dernières paroles : "Nous verrons à nous maintenir debout jusqu’à ton retour !" et il m’était impossible de penser à autre chose. S’il meurt, l’Allemagne artiste va prendre une autre face. Je n’ai jamais songé à l’Allemagne sans me réjouir du fond du cœur, et sans être fier de ce que Goethe y vécût. Ce qui vient après lui paraît généralement si faible, si malingre, que cela inquiète et désole. C’est lui le dernier ; il ferme l’heureuse et féconde période qui a précédé la nôtre. Cette année finit de façon terriblement sérieuse. »

28 mai 1831.
« Sterne est devenu un de mes plus grands favoris ; je me rappelai un jour que Goethe, en me parlant de la Sentimental journey, m’avait dit : "Il est impossible de mieux exprimer tout ce qu’il y a d’orgueil et de lâcheté dans le cœur de l’homme." Ce livre m’étant donc par hasard tombé sous la main, je voulus le connaître et il m’a enchanté par la finesse des aperçus et l’entente parfaite de la composition. En fait d’allemand, il y a, dans ce pays, peu de chose à lire ; j’en suis donc réduit aux poésies de Goethe, et j’y trouve, Dieu merci, assez de quoi penser ; cela reste toujours nouveau. Je m’intéresse surtout ici aux pièces qu’il a évidemment écrites à Naples ou dans les environs, comme par exemple Alexis et Dora ; car chaque jour je vois de ma fenêtre comment lui est venue l’idée de cette admirable poésie. Et même, - c’est là le propre de tous les chefs-d’œuvre, - il me semble souvent qu’en pareil cas j’aurais eu les mêmes pensées, et que ce n’est qu’un effet du hasard si elles ont été exprimées par Goethe plutôt que par moi. Quant à la pièce : Dieu te bénisse, jeune femme ! je prétends avoir trouvé le local où elle lui fut inspirée et avoir dîné chez cette même femme ; seulement il va sans dire qu’elle est maintenant très vieille, et l’enfant qu’elle allaitait du temps de Goethe est devenu un robuste vigneron. Sa maison est située entre Pouzzoles et Baja, les ruines d’un temple, et à trois bons milles de Cumes. Vous pouvez vous imaginer si de pareilles rencontres vous rajeunissent ces poésies, et si l’on en éprouve tout autrement le charme en les prenant pour ainsi dire sur le vif. »

31 mars 1832.
« Pardonnez-moi mon long silence : je n’avais rien de bon à vous annoncer et je n’aime pas à écrire des lettres tristes. Sachiez que je me porte bien et que je continue à travailler. Quelle désolante nouvelle que celle de la mort de Goethe ! »

Joie de vivre

21 mai 1830.
« Je ne me rappelle pas avoir jamais eu, depuis que je voyage, une journée aussi pure, aussi délicieuse que celle d’hier. Le matin de bonne heure, le ciel était couvert par une brume grise que le soleil ne perça qu’assez tard ; mais l’air était frais, et de plus c’était le jour de l’Ascension. On ne voyait partout que des gens en habits de fête ; dans un village, ils allaient à l’église ; dans un autre, ils en sortaient ; dans un troisième, ils jouaient aux quilles. Dans tous les jardins les tulipes étalaient leurs riches couleurs, et, ma voiture allant bon train, tout cela passait sous mes yeux comme un panorama mouvant. Je me bornai à jouir paresseusement du bien-être qui m’enivrait. »

6 juin 1830.
« Adieu, portez-vous bien, vivez heureux et contents, et puissent se réaliser tous les vœux que mon cœur forme pour vous ! »

27 septembre 1830.
« Sois gai, mon cher Paul ; marche vaillamment dans la vie, prends le plaisir partout où il se trouve, et pense à ton frère qui court le monde. »

10 octobre 1830.
« Me voici donc en Italie ! Ce qui a été pour moi, depuis l’âge de raison, le plus beau rêve de la vie, se réalise enfin et j’en jouis à cette heure.
J’ai vu en chaque heure tant de belles choses qu’il me faudrait, pour n’en rien perdre, avoir dix sens au lieu de cinq. J’ai vu d’abord l’Assomption, puis toute une galerie au palais Manfrini ; puis une grande fête religieuse dans l’église où se trouve le Saint Pierre du Titien, et enfin l’église Saint-Marc.
J’ai seulement senti dans l’air je ne sais quoi de chaud, de doux, de caressant ; j’ai éprouvé un bien-être, un contentement inexprimable qui se répand ici sur toutes choses.
Le pays a un tel air de fête, les feuilles de la vigne et ses grappes noires forment entre les arbres des guirlandes, qu’on s’imagine presque être un prince qui fait son entrée solennelle dans ses États. »

12 ou 13 octobre 1830.
« Les miens vous auront dit sans doute quelle impression douce et bienfaisante j’ai ressentie en voyant pour la première fois les plaines d’Italie. Je vole ici de plaisir en plaisir, et chaque heure m’apporte quelque chose de nouveau et d’inattendu. »

30 octobre 1830.
« Après la pluie chaude d’hier, l’air est si tiède et si doux, que c’est devant ma fenêtre ouverte que je vous écris. Chose charmante, on voit circuler par toutes les rues, des marchands qui vous offrent dans les plus élégantes corbeilles des bouquets de violettes, de roses et d’œillets. Avant-hier, j’avais vu tant de tableaux, de statues, de vases et de musées, que j’en étais fatigué ; je résolus donc d’aller me promener depuis midi jusqu’au soir ; j’achetai un bouquet de narcisses et d’héliotropes, et je montai à travers les vignes sur les collines voisines. C’est une des plus jolies promenades que j’aie faites. On se sent tout réconforté et rafraîchi quand on voit ainsi autour de soi la nature dans son plein, et mille pensées gaies me passaient par la tête. Je me rendis d’abord à Bellosguardo, château de plaisance d’où l’on domine tout Florence et la large vallée de l’Arno. Du château je grimpai bien au-dessus des collines, jusqu’au point le plus élevé qu’on pouvait apercevoir et sur lequel je voyais une tour. Arrivé là, je trouvai dans tout le bâtiment des gens occupés à faire le vin, à sécher des raisins et à cercler des tonneaux. C’était la tour de Galilée, celle d’où il faisait ordinairement ses observations et ses découvertes. On y jouissait d’une vue très étendue, et la jeune fille qui me conduisit sur le toit, me raconta dans son dialecte une masse d’histoires que je compris assez peu, mais elle me donna de leurs raisins secs et sucrés et je les mangeai en vrai virtuose. »

8 novembre 1830.
« Lorsque le matin de bonne heure, en entrant dans ma chambre, j’aperçois mon déjeuner qu’un soleil éclatant dore de ses rayons, j’éprouve un bien-être inouï ; car nous voilà bientôt à la fin de l’automne, et qui peut chez nous prétendre à avoir encore, dans cette saison, de la chaleur, un ciel serein, des raisins et des fleurs ? Après mon déjeuner je me mets au travail, je joue, je chante et je compose jusque vers midi. Alors j’ai une autre tâche à remplir, c’est de voir toute cette immense Rome et d’en jouir. Je n’en prends que très à mon aise, et je consacre chaque jour à visiter quelque chose de nouveau, un de ces monuments qui appartiennent à l’histoire du monde. Une fois par exemple je vais me promener sur les ruines de l’ancienne ville, une autre fois je vais à la galerie Borghèse, ou bien au Capitole, à Saint-Pierre ou au Vatican. De cette façon chaque jour devient pour moi une date mémorable, et comme je prends mon temps, toutes mes impressions en sont plus fortes et moins fugitives.
Une des choses qui me rendent encore mon logement agréable, c’est que j’y lis pour la première fois le voyage de Goethe en Italie, et je dois avouer que cela me fait grand plaisir de voir qu’il arrive à Rome le même jour que moi ; que comme moi, il va d’abord visiter le Quirinal où il entend une messe de Requiem ; qu’à Florence et à Bologne il est comme moi dévoré d’impatience, tandis qu’arrivé ici il se sent, toujours comme moi, dans des dispositions d’esprit calmes, et, pour se servir de sa propre expression, solides. »

16 novembre 1830.
« Que le bon Dieu nous accorde du succès et de beaux jours et nous saurons bien en jouir. Adieu et soyez heureux. »

30 novembre 1830.
« Je travaille avec ardeur, je suis très gai et parfaitement heureux ; le cadre de ma glace est rempli de cartes de visite d’italiens, d’anglais et d’allemands ; je passe toutes mes soirées chez des amis, et il se fait dans ma tête une confusion de langues comme à la tour de Babel, car l’anglais, l’italien, l’allemand et le français s’y croisent. »

1 février 1831.
« L’exécution d’une belle pensée, en dépit de tous les obstacles et de toutes les contrariétés, uniquement pour la pensée elle-même, est ce qui m’a toujours le plus charmé. »

Fin juillet 1831. Chamonix.
« Je fais ici la plus belle partie de mon voyage, et courir ainsi à pied, seul, libre et léger, est pour moi quelque chose de nouveau, une jouissance inconnue. »

14 janvier 1832.
« Je commence seulement à présent à m’habituer ici et à connaître Paris ; c’est réellement le nid le plus fou, le plus gai que l’on puisse imaginer. »

25 mai 1832.
« Le soleil brille, il fait chaud ; je vais aller dans le jardin faire un peu de gymnastique et respirer le parfum des lilas ; cela vous prouve que je me porte bien. »

Peintures, Titien

10 octobre 1830.
« Songez maintenant que j’ai vu aujourd’hui les plus célèbres tableaux du monde, et que j’ai fait enfin personnellement connaissance avec un homme très aimable, que je ne connaissais jusqu’ici que de réputation ; je veux parler de M. Giorgione, qui est un peintre admirable, ainsi que le Pordenone dont on voit ici les toiles les plus exquises.
Jusqu’à présent je ne m’étais pas imaginé que le Titien eût été aussi heureux comme artiste que j’en ai eu la preuve aujourd’hui. Le tableau de lui, qu’on voit à Paris, montre qu’il a connu la vie sous ses beaux côtés, qu’il a compris la richesse, et je le savais ; mais il connaît aussi la douleur dans ce qu’elle a de plus profond, et il sait comment est le ciel. C’est ce que prouvent sa divine toile représentant le Christ mis au tombeau, et son Assomption. Comme la Vierge s’enlève bien sur son nuage ! Comme on sent l’air circuler dans tout ce tableau ! Comme on embrasse bien d’un seul coup d’œil le souffle de Marie, son saisissement, son recueillement pieux, bref, les mille sentiments qui l’agitent !... Mais il n’est pas de mots pour rendre ce que j’ai éprouvé ; toute parole est sèche, insipide et pédantesque lorsqu’il s’agit de tels chefs-d’œuvre. Il y a aussi sur le côté droit du tableau, trois têtes d’anges qui sont ce que j’ai vu de plus parfaitement beau. Quoiqu’il en soit, je veux voir cette Assomption tous les jours.
J’ai du reste été troublé dans mon examen par un véritable sacrilège. Quelqu’un se mit à tapoter de l’orgue, et les saintes figures du Titien furent condamnées à entendre un pitoyable final d’opéra. Là où se trouvent de pareils tableaux, je n’ai pas besoin d’organiste, je me joue à moi-même de l’orgue en pensée. Après tout qu’importe ? Je ne m’irrite pas plus contre la sottise que contre le vulgaire. Mais Titien était un homme dont les œuvres sont faites pour vous édifier ; aussi je me propose de les étudier, et je suis heureux d’être en Italie. En ce moment j’entends de nouveau retentir les cris des gondoliers, les lumières se réfléchissent au loin sur les eaux du canal, et un homme chante en s’accompagnant de la guitare. C’est une joyeuse nuit ! Adieu ! Et chaque fois que vous êtes contents, pensez à moi comme je pense à vous. »

12 ou 13 octobre 1830.
« J’ai distingué dès les premiers jours quelques œuvres capitales dans la contemplation desquelles je m’absorbe profondément, et que j’examine chaque jour pendant une couple d’heures. Ce sont trois tableaux du Titien : la Présentation de Marie enfant au temple, l’Assomption de la Vierge, et la Mise au tombeau du Christ. Il y en a encore plusieurs autres, notamment un Giorgione représentant une jeune fille qui, une guitare à la main, est plongée dans une profonde rêverie ; sa tête sérieuse et pensive se détache si bien du cadre qu’il semble qu’on va lui parler. Elle est probablement sur le point d’entonner un chant et l’on est presque tenté de chanter avec elle. Ces tableaux à eux seuls mériteraient qu’on fît le voyage de Venise, car chaque fois qu’on les regarde on en sent déborder la vigueur, la richesse et le sentiment profond des hommes qui les ont peints. Aussi je ne regrette pas beaucoup de n’avoir presque point entendu de musique jusqu’ici ; je ne puis compter comme musique celle que font les anges qui, dans le tableau de l’Assomption, entourent la Vierge et poussent en son honneur des cris d’allégresse. Il y en a aussi un qui vient au-devant d’elle en jouant du tambourin ; quelques autres qui soufflent dans des flûtes recourbées de forme bizarre, et enfin un délicieux groupe qui chante ; mais tout cela, non plus que la musique de la joueuse de guitare plongée dans sa rêverie, ne saurait entrer en ligne de compte. »

25 octobre 1830.
« Lorsqu’on porte ses regards sur les deux Vénus (la Vénus de Botticelli et la Vénus du Titien exposées à la galerie des Offices à Florence, N.d.l.r.), le sentiment du beau vous domine à tel point qu’on éprouve une sorte de pieuse extase ; il semble que les deux génies qui ont pu créer de pareils chefs-d’œuvre, volent à travers la salle et viennent vous saisir. Le Titien est un homme incroyable ; on sent qu’il s’est complu dans ses tableaux et qu’il y a mis toute son âme. Cependant la Vénus de Médicis n’est pas non plus à dédaigner. »

30 octobre 1830.
« Je dois prendre congé de la galerie Pitti et de la grande galerie, et admirer une dernière fois ma Vénus (la Vénus d’Urbino de Titien, N.d.l.r.) dont on ne peut pas, il est vrai, parler devant les dames, mais qui est pourtant divinement belle. »

21 décembre 1831.
« Tous les matins, je cours au Louvre, où j’admire les Raphaël et surtout mon Titien ; en présence d’un pareil tableau, on voudrait avoir une douzaine d’yeux de plus. »

Chants, musiques

12 ou 13 octobre 1830.
« À Vienne, j’ai composé deux petits morceaux de musique religieuse, un choral en trois parties pour chœur et orchestre (O Haupt voll Blut und Wunden !), et un Ave Maria pour chœur à huit voix a capella.
Les gens qui m’entouraient étaient si affreusement libertins et si nuls, que cela tourna mon esprit vers les choses spirituelles, et que je me comportai parmi eux comme un théologien. Du reste, les meilleurs pianistes des deux sexes ne m’ont pas joué une seule note de Beethoven, et comme je leur faisais observer qu’il y avait cependant du bon chez lui et chez Mozart : "Vous êtes donc, me dirent-ils, un amateur de musique classique ?" - Oui, répondis-je. »

16 novembre 1830.
« Mon œuvre de prédilection que j’étudie maintenant, c’est le Parc de Lili, de Goethe, notamment trois passages : "Kehr ich mich um und brumm" (Je me retourne et je gronde), "Eh la menotte," etc., et surtout "Die ganze Luft is warm und blüthevoll" (L’air tout entier est chaud et plein de fleurs), où je veux mettre une vigoureuse entrée de clarinettes ; j’ai l’intention d’en faire un scherzo pour une symphonie.
Je commence aussi à rouler dans ma tête un concerto pour piano que j’aurais grande envie d’écrire pour Paris. »

11 décembre 1830.
« Aussi dernièrement, dans une société d’ici, ai-je remis un certain musicien à sa place du mieux que j’ai pu. Il voulut se risquer à parler de Mozart, et, comme Bunsen et sa sœur aiment Palestrina, il crut leur faire sa cour en me demandant, par exemple, ce que je pensais du bon Mozart et de ses péchés. Je lui répondis que j’échangerais volontiers mes vertus contre les péchés de Mozart, mais que je ne pouvais pas dire au juste à quelque point il était vertueux. Cette réponse fit rire tout le monde. C’est une chose étrange que cette plèbe ne veuille pas respecter les grands noms ! »

20 décembre 1830.
« Lorsque sonne l’Ave Maria, on se rend à l’église de la Trinita de’ Monti, où chantent les religieuses françaises, et c’est quelque chose de ravissant. Les deux religieuses qui chantent ont les voix les plus douces, les plus pénétrantes du monde, et lorsque l’une d’elles fait, avec une intonation si caressante, les répons qu’on est habitué à entendre faire par les prêtres d’une voix rude, sévère et monotone, on est, je vous assure, singulièrement ému. Ajoutez à cela qu’on ne peut pas voir les chanteuses, et vous avouerez que ce mystère doit rendre le charme complet. Il m’est venu, à ce propos, une singulière idée. J’ai bien observé les voix de ces religieuses, et je compose pour elles quelque chose (une prière à la Vierge, texte latin), dont je veux leur faire hommage (ce morceau a paru plus tard sous le titre d’Œuvre 39, N.d.l.r.). J’ai à ma disposition plusieurs moyens pour leur faire parvenir. Je sais qu’elles le chanteront, et ce sera assez piquant d’entendre exécuter ma musique par des personnes que je n’ai jamais vues, lesquelles, de leur côté, la chanteront devant le barbaro Tedesco, qu’elles ne connaissent pas non plus. Je m’en réjouis d’avance. »

24 juillet 1831.
« Un soir que, chez madame Ertmann, on avait joué plusieurs morceaux de Beethoven, la baronne me dit à l’oreille : "jouez quelque chose de Mozart si vous voulez que son fils soit content." Ce ne fut que lorsque j’eus exécuté l’ouverture de Don Juan qu’il commença à s’épanouir ; il me demanda de lui jouer aussi celle de la Flûte enchantée, et il prit à l’entendre un plaisir d’enfant, ce qui me le fit aimer davantage encore. »

2 septembre 1831.
« Je me suis exercé sur les passages de la fugue en ré majeur pour orgue, de la toccate en fa majeur et de la fugue en sol mineur, que je savais par cœur. Si je trouve à Munich un véritable orgue auquel il ne manque rien, j’étudierai ces morceaux, et je me fais une joie d’enfant de les jouer tous l’un après l’autre. La toccate en fa majeur, avec la modulation à la fin, fait un tel vacarme qu’on dirait que l’église va s’écrouler. C’était un terrible maître que ce Bach.
Nous allons à présent nous remettre avec ardeur à faire de la musique. Il est grand temps. Je viens encore de m’exercer sur l’orgue jusqu’à la nuit tombante. »

6 octobre 1831.
« Comme l’on est content de soi quand le matin, en se levant, on a un grand morceau allegro à instrumenter avec force hautbois et trompettes, et que l’on voit un temps superbe qui vous promet pour l’après dînée une longue et bonne promenade ! »

Archives Karéline
Catalogue au 11 novembre 2008

Francis Bacon, Œuvres complètes
Jules Barbey d’Aurevilly, Œuvre poétique
Victor Basch, L’Individualisme anarchiste
Léon Bloy, Le Salut par les Juifs
Charles du Bos, Goethe
Alfred Fouillée, La Philosophie de Platon
Goethe, Œuvres complètes
Emile Littré, Histoire de la langue française
Félix Mendelssohn, Lettres
Pétrone, Œuvres complètes
Georges Rodenbach, Œuvre poétique
Camille Saint-Saëns, Harmonie et mélodie
Vauvenargues, Œuvres complètes
Paul Vidal de la Blache, Principes de géographie humaine
Oscar Wilde, Poèmes

Archives Karéline
Sous la direction éditoriale de Guy-Ernest Richter et Alexandra Pym
www.archiveskareline.fr

Annexe :
Actualité du féminisme français

par Alexandra Pym

En 1968, dans un appartement mis à leur disposition par Marguerite Duras aux abords du jardin du Luxembourg, Antoinette Fouque, Josiane Chanel et Monique Wittig posent les fondations de ce qui deviendra le MLF (Mouvement de libération des femmes).

En 1979, Antoinette Fouque dépose le sigle MLF à l’INPI (Institut national de la propriété industrielle).

En 2008, alors que l’on célèbre les 40 ans du MLF sous l’égide d’Antoinette Fouque, l’intellectuelle et journaliste féministe Caroline Fourest déclare dans Le Monde (10 octobre) qu’une « douce OPA s’opère sur le mouvement de libération des femmes ». Cet anniversaire polémique nous donne l’occasion de nous pencher sur l’actualité de quelques concepts chers au féminisme, au miroir de quelques organes de presse.

I'd SMASH Patriarchy

Anticolonialisme

Kep est l’un de ces endroits où on prend le temps de vivre lascivement, à l’ombre des palmiers, face aux eaux tranquilles du golfe de Siam, loin du trafic et du rythme effréné de la capitale, Phnom Penh, et des réseaux touristiques classiques. La station balnéaire de Kep-sur-Mer, fondée en 1908 pour accueillir l’élite de la colonie française, n’est plus que l’ombre d’elle-même après les multiples conflits qui l’ont ébranlée, cependant il y règne toujours une atmosphère particulière que les Cambodgiens et quelques touristes avisés ne se lassent pas de découvrir et de goûter.

(« Cap sur Kep », Biba, n°345, p. 188, décembre 2008)

Audace

En septembre, nous avons eu un temps pourri. En octobre, un mot rugueux s’est mis à heurter nos oreilles comme du papier de verre : crise, crise, crise. Alors, on a voulu changer un peu la donne et vous faire traverser l’année en beauté. On n’a pas le pouvoir de changer le monde, alors mieux vaut regarder les choses avec un peu de rose aux joues. Haut les cœurs !

(« Edito », Glamour, n°57, p. 15, décembre 2008)

Conscience historique

Si on vous dit haute couture, vous pensez robes féériques, cadres mythiques et château forcément. Marie-Antoinette n’aurait pas renié ce shooting !

(« Making of », Femmes, n°5, p. 14, novembre 2008)

Conscience politique

Le luxe donne du travail à des milliers d’artisans amoureux de leur métier, pas avares de leurs heures, fiers de leurs réalisations pour des clients exigeants, soucieux du moindre détail.

(« 10 bonnes raisons de faire un numéro sur le luxe », Femmes, n°5, p. 8, novembre 2008)

Créativité

« Au Texas où je vis, il ne se passe pas grand-chose. Ça donne envie de s’inventer des histoires, de se créer des personnalités. » Son look pointu et sophistiqué lui a valu de poser dans Teen Vogue et Refinery 29, un site de mode américain très en vogue.

(« Princesses fashion », Glamour, n°57, p. 45, décembre 2008)

Désir

Parce que, à chaque achat, nous croyons toucher du doigt notre rêve : le jean parfait. Celui qui nous fait paraître dix centimètres de plus et cinq kilos de moins.

(« Trouver le jean de votre vie », Elle, n°3278, p. 81, 27 octobre 2008)

Drogues et rock n’roll

« Quand j’ai apporté mes vieux médicaments à la pharmacie, j’ai donné par erreur mes réserves de Prozac. Il a fallu que je me débrouille avec ce qui me restait. » En vacances, Martine alterne Prozac, omégas 3 et Stabilium, un produit diététique.

(« Bonheur sur ordonnance », Femmes, n°5, p. 173, novembre 2008)

Écologie

Si vous voulez avoir la bio attitude, il vous faut glisser dans votre sac à main un ‘‘P’tit Cabas’’. Réutilisable à l’infini, couleur argent quand il s’échappe de sa minipochette, c’est l’accessoire indispensable pour sauver notre planète en faisant du shopping.

(« Un geste à faire », Jeune et jolie, n°257, p. 6, novembre 2008)

Égalité des sexes

Carlos Ghosn : « La diversité fait partie de nos valeurs, pas uniquement parce qu’il faut des valeurs morales à l’entreprise, mais aussi parce que c’est un véritable atout économique. »

(« Ce que femmes veulent », Elle, n°3278, p. 18, 27 octobre 2008)

Engagement

Beaubama ! On le portait déjà imprimé sur nos T-shirts... Aurélie Biderman a dédicacé un modèle de son célèbre bracelet au candidat démocrate. Pour lui déclarer sa flamme avec un joli poignet d’amour... 63 euros. Tel : 01 42 88 37 95. / Pour ses 25 ans, Mon Petit Poney monte sur ses grands chevaux ! Stella Cadente l’a customisé vingt-cinq fois et ces pièces uniques sont vendues au profit de la lutte contre le cancer. Village Jouéclub, 3-5, boulevard des Italiens, Paris 2e

(« elleinfohebdo », Elle, n°3278, p. 20, 27 octobre 2008)

Épanouissement individuel

Les meubles sont signés de grands designers. La nuit, les murs du building s’animent de lasers en forme de rouges à lèvres, tandis que Diane s’endort sous le dôme de cristal qui domine une chambre façon tente militaire. Diane impératrice devenue présidente du Council of Fashion Designers of America peut dormir tranquille. Aujourd’hui elle a tout pour être heureuse : le succès, le pouvoir, l’argent, « et surtout, ajoute-t-elle, une vie de famille formidable. »

(« Diane von Furstenberg », Femmes, n°5, p. 180, novembre 2008)

Fouriérisme

À la dernière fiesta, j’ai craqué pour Chris, fondu pour Guy, kiffé Floyd, flirté avec Théo, dansé un slow très auch avec Romain, branché Adrien, laissé mon 06 à Ben, embrassé Hugo...

(« Les 25 preuves qu’il me faut un nouveau Jules », Jeune et jolie, n°257, p. 14, novembre 2008)

Imagination au pouvoir

Pour que la réalité rejoigne le rêve, il convient d’adopter une bonne hygiène de vie et surtout de bien dormir, tant sur le plan qualitatif que quantitatif. (« Spécial beauté », Biba, n°345, p. 157, décembre 2008)

Imagination au pouvoir (bis)

« Avec le monde de l’art, nous parlons le même langage », résume Jean-Paul Claverie, responsable du mécénat chez LVMH.

(« Les nouveaux mécènes », Femmes, n°5, p. 25, novembre 2008)

Indépendance

Je suis célibataire depuis six mois et je m’aperçois que j’y prends goût car je peux faire ce que je veux quand je veux. L’angoisse !

(« Les 25 preuves qu’il me faut un nouveau Jules », Jeune et jolie, n°257, p. 14, novembre 2008)

Intersubjectivité

L’homme parfait. Il est beau, jeune, chevelu comme il faut, a un look de dandy rock’n’roll, et quand on ne peut plus le voir en peinture, pas la peine de déménager, on a juste à le décoller du mur et à le ranger dans le placard. Son seul défaut : il est un peu petit, 1,66 m seulement... avec le chapeau ! Création Dave Quattrini pour les Invasions Ephémères. En vinyle mat, 49 euros

(« Tentations », Biba, n°345, p. 169, décembre 2008)

Jouissance sans entraves

Reflet d’un état d’âme, la peau traduit nos émotions. Comment ? Via les neuromédiateurs qui lui permettent de communiquer directement avec le cerveau. Ainsi, dès qu’on se sent bien, les béta-endorphines (produites par l’hypotalamus et les kératinocytes) boostent les fibrolastes pour un collagène béton, stoppent la douleur, blindent contre les agressions extérieures et stimulent la microcirculation. Résultat : un teint de jeune fille. À contrario, douleur, stress, jalousie et colère libèrent de la substance P et CGRP (les neuromédiateurs négatifs pro-inflammatoires).

(« Spécial beauté », Biba, n°345, p. 151, décembre 2008)

Lacanisme

Les verres miroir. Parce que ça revient fort, ambiance « je me fais un glacier à Chamonix ». Et que vos amis vont pouvoir s’admirer dans vos lunettes. Double effet narcissique...

(« Buzzomètre », Elle, n°3278, p. 22, 27 octobre 2008)

Liberté d’expression (lutte pour la)

Effectivement, en ces temps de victimisation, on peut se demander si on a le droit de dire qu’on a eu une enfance plus qu’heureuse, qu’on n’a manqué de rien et qu’on a reçu un amour débordant.

(« Ça va faire débat », Biba, n°345, p. 38, décembre 2008)

Marxisme

Une étude du Ceram Business School (une école de commerce de la région PACA) vient d’établir que plus une entreprise du CAC 40 a de femmes cadres dans ses effectifs, mieux elle s’en sort depuis le début de la crise. Et des experts s’enthousiasment : « C’est prouvé, le management féminin est plus pragmatique, moins risqué ». Un point de vue partagé par 57% des Français, d’après un sondage Ipsos réalisé pour le Women’s Forum.

(« Les cordons de la bourse », Elle, n°3278, p. 7, 27 octobre 2008)

Modernité

Mon Jules ne va plus avec mon néolook. Je suis une néogothik et il me faut un néomec qui colle à ma néotendance.

(« Les 25 preuves qu’il me faut un nouveau Jules », Jeune et jolie, n°257, p. 14, novembre 2008)

Nietzschéisme

Autrement dit, on fait du Nietzsche à fond : « Deviens ce que tu es. » Comment ? En se demandant là, par exemple, maintenant tout de suite, le dernier truc que l’on a fait à contrecœur ( = pas être soi-même) et le dernier truc qu’on a adoré faire ( = être soi-même). Et on en tire les conclusions (excellents indices de connaissance de soi).

(« Oser être soi », Biba, n°345, p. 72, décembre 2008)

Pensée critique

Pourquoi on trouve toujours plus beaux que les siens les cheveux de sa meilleure amie ?

(« Édito », Jeune et jolie, n°257, p. 5, novembre 2008)

Rébellion

Si possible, mettez de côté au moins 10% de votre salaire tous les mois, par le biais d’un versement automatique, avant même de rembourser vos crédits et de payer vos factures. Ce système vous obligera à faire des économies.

(« Vieprivéeargent », Elle, n°3278, p. 170, 27 octobre 2008)

Retour à la nature

11 heures tapantes : coach pour une bonne heure de parcours sportif aux Tuileries. Puis brunch bio et detox dans le boudoir de l’hôtel, avant de remonter faire une sieste jusqu’à 18 heures.

(« Le mois », Femmes, n°5, p. 60, novembre 2008)

Révolte

« Alors que le monde est de plus en plus standardisé, il faut faire du sur-mesure. Chaque client est unique et il doit être traité comme tel. »

(« Services secrets », Femmes, n°5, p. 34, novembre 2008)

Singularité

Eh oui, les filles, on est toutes pareilles... Et notre rêve à toutes, avoir des cheveux qui nous rendent sexy !

(« Édito », Jeune et jolie, n°257, p. 5, novembre 2008)

Urgence

On se damne pour un modèle en croco couleur rouge braisé, ou en cuir d’autruche rosé. Ceux-là étant fabriqués par le maroquinier, uniquement sur commande, il arrive qu’ils se vendent plus cher en seconde main qu’en boutique. Certaines dames n’aiment pas attendre...

(« La grâce des Kelly », Femmes, n°5, p. 55, novembre 2008)

Utopie

Ici, pas de problème de tapage nocturne. Grâce au casque qui diffuse la musique de la boîte, on peut continuer à danser à l’extérieur sans pourrir la vie des voisins.

(« Saturday bio fever », Glamour, n°57, p. 58, décembre 2008)

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