IRONIE numéro 14 (Mars 1997)
IRONIE
Interrogation Critique et Ludique
Parution et mise à jour irrégulières

> IRONIE numéro 14, Mars 1997

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LE PRINCIPE D'IRONIE

Il existe une ironie marchande. Combien de fois avons-nous assisté au développement d'une ironie intégrée de la communication ? Comment ce terme peut-il s'appliquer, tel un label de distanciation et d'intelligence perverse ? L'ironie publicitaire des ondes, avec son cortège d'émissions dites "satiriques", s'éloigne de l'essence de l'ironie, la piété de la pensée. La prostitution des mots d'esprit atteint son apogée. L'ironie communi-cationnelle est une ironie illusoire qui aseptise les idées critiques, fonctionne comme un buvard où viennent s'agglutiner les spectres-tateurs-consom-mateurs. Ce principe généralisé sur les ondes tend à noyer l'autre ironie, l'insolente, celle qui bruisse dans les phrases des grands écrivains. L'ironie marchande ne nous détournera pas de l'Ironie Supérieure.

La Rédaction

 

L'HYPOCRISIE MARCHANDE DE L'EUROPE

"Cette nouvelle Europe ne m'apparaît pas comme une civilisation; c'est une entreprise somme toute plus cynique. Les dirigeants des pays membres de l'Union Européenne n'adhèrent qu'en paroles aux grands idéaux européens : liberté d'expression, droits de l'homme, triomphe de la Raison, droit à la différence d'opinion, importance de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Cependant, lorsque ces idéaux se heurtent aux puissantes banalités de la 'réalité' (le commerce, l'argent, les armes, le pouvoir), c'est la liberté, alors, qui est mise à mal."

Salman Rushdie, Libération, 14/02/1997

 

THÉÂTRE DES SENS

"Le théâtre est le seul endroit au monde et le dernier moyen d'ensemble qui nous reste d'atteindre directement l'organisme, et, dans les périodes de névrose et de sensualité basse comme celle où nous plongeons, d'attaquer cette sensualité basse par des moyens physiques auxquels elle ne résistera pas."

Antonin Artaud, Le Théâtre et son double

 

ALEXANDRIN

Face aux las temps de l'horreur, jouissons de l'aurore

Adrien Pwatt


"L'instant, rien d'autre, la notation pure et simple : une énorme liberté insoupçonnée est là."

Philippe Sollers, Studio

 

LE SON DE LA MORT

"Une femme qui traversait une voie ferrée un baladeur aux oreilles, près de Marseille, a péri écrasée par une locomotive qu'elle n'a pas entendu arriver."

Libération, 15/02/1997

 

LE MINIMUM DE LA VIE

On ne dira jamais assez aux travailleurs exploités qu'il s'agit de leurs vies irremplaçables où tout pourrait être fait; qu'il s'agit de leurs plus belles années qui passent, sans aucune joie valable, sans même avoir pris des armes.

Il ne faut pas demander que l'on assure ou que l'on élève le "minimum vital", mais que l'on renonce à maintenir les foules au minimum de la vie. Il ne faut pas demander seulement du pain, mais des jeux.

La vie est à gagner au-delà.

Ce n'est pas la question des augmentations de salaires qu'il faut poser, mais celles de la condition faite au peuple en Occident.

Il faut refuser de lutter à l'intérieur du système pour obtenir des concessions de détail immédiatement remises en cause ou regagnées ailleurs par le capitalisme. C'est le problème de la survivance ou de la destruction de ce système qui doit être radicalement posé.

Il faut prendre conscience de quelques faits qui peuvent passionner le débat : le fait par exemple que partout dans le monde nos amis existent, et que nous nous reconnaissons dans leur combat. Le fait aussi que la vie passe, et que nous n'attendons pas de compensations, hors celles que nous devons inventer et bâtir nous-mêmes.

Potlatch n°4, 13/07/1954

 

L'ART DES SIGNES

"Tout en montrant à l'extérieur beaucoup de simplicité, de sécurité et même d'indifférence, soyez vigilant et éclairé. Tenez-vous sur vos gardes, défiez-vous de tout, soyez très réservé. Ayez des espions partout et convenez avec eux de signaux. Voyez par la bouche, parlez par les yeux."

Sun Tzu, L'Art de la guerre

 

TECHNO NIGHT TONGUE

- Je resniffe de la techno underground résistance obsession !
- Touche l'hypnose des prozacs affectifs, le trip radioactif cérébral...
- Affect, je me suis lové dans un feed-back cryo réac qui m'a pulvérisé les chromo-zones du spirit dance !
- KooK ultra, me voilà transplanté dans l'univers transgénique des capteurs virtuels ...

 

AU CERVEAU TOUTES LES DONNÉES...

Osservo tutte le donne !

Fredéric Cheraudame

 

LES FRUSTRATIONS DE L'HISTOIRE

Les failles de l'Histoire se rouvrent comme des plaies mal cicatrisées. La France politique laisse s'installer un quota de misère grandissant dans le but de griser les vitrines du marché, les bénéfices des entreprises et le chiffre serein du commerce extérieur qui prouve la santé d'une économie débarrassée d'un poids salarial trop humain.

Alors, pour justifier le système économique et politique actuel, face aux revendications des "exclus", on ressort l'idée du bouc émissaire, du danger venu de l'étranger. La xénophobie ambiante arrange le déroulement des opérations monétaires. Une frange désespérée, recroquevillée sur elle-même et ignorante de la population misérable est séduite par un discours carré qui appuie sur la fibre raciste des instincts les plus primaires. Les paroles fascistes, qui ne sont pas uniquement le lot du Front National, s'injectent dans les veines d'une population droguée à la haine de l'autre qui a besoin de sa dose de mots agressifs jetés de la bouche d'un chef. Ainsi, à travers l'ignorance de l'histoire et l'autarcie mentale, des hommes et des femmes se ressourcent dans le miroir de l'horreur, convaincus d'une persécution virtuelle dont ils seraient les victimes.

Au-delà de la grave dérive des partis extrémistes qui portent en eux les germes de la xénophobie, refusant la pensée et le corps de l'autre, se pose le problème crucial de la répétition de l'Histoire.

Comment peut-on assister à l'émergence de ces idées quand on connaît les tenants tyranniques et les aboutissants tragiques que furent les idéologies nazie, fasciste, communiste, les camps de concentration, les chambres à gaz, les dictatures militaires, les génocides planifiés... ?

J'y vois la manifestation inconsciente ou non d'une frustration collective de l'Histoire; cette Histoire dont on nous parle, qui expose ses témoins et qui échappe à quiconque n'y a pas participé; une Histoire, qui à force de redites médiatiques, s'éloigne de notre mémoire et prend le chemin dangereux du virtuel et de la mystification évoquée par les révisionnistes.

Quand comprendrons-nous que l'Histoire n'est pas une histoire ?

L'Histoire de la xénophobie et de ses effets macabres est longue. Le XXème siècle portera au milieu de sa gueule les faits réels de génocides abjects. Seulement, une génération nouvelle a le secret désir de se forger une Histoire à laquelle elle aura assisté. Bourreaux, victimes, spectateurs, résistants : vous avez le choix des idées et des armes ... On voit des individus admirer les symboles du nazisme, du communisme, embrasser des concepts religieux extrémistes au nom de la sainte foi communautaire, de l'appartenance au Groupe. Combien de jeunes rêvent de revêtir les uniformes ? Combien d'étudiants gauchistes ont désiré reproduire l'élan de 1968 ? La possibilité de revivre l'Histoire qu'on nous raconte, qui nous fait fantasmer, procure une identité forte à ceux qui en étaient dépourvus. L'Histoire se perd, comme on perd la mémoire, avec l'âge...

Li D.

 


"LES PENSEES SONT DES ACTIONS"

Friedrich Nietzsche

 


"Mieux est de ris que de larmes escrire,
Pource que rire est le propre de l'homme
VIVEZ JOYEUX"

François Rabelais, Gargantua

 

JOUIR DANS TOUS LES SENS

"Aussi je ne veus mourir,
Ores que je puis courir,
Ouir, parler, boire, rire,
Dancer, jouer de la lyre,
Et de plesirs me nourrir".

Pierre Ronsard, Les Meslanges

 

LA CIGALE, LA FOURMIE ET L'ÉCUREUIL

Rue du Louvre, deux bistrots coexistaient, chacun avec ses piliers et autres habitués du zinc. Ils étaient locataires de la vénérable Caisse d'Epargne qui a mis un terme au bail de l'un d'eux. Vous devinerez lequel, en vous reportant au nom de ces estaminets fabuleux : l'un s'appelait "La Cigale", l'autre "La Fourmi". Seule la morale est sauve.

Armand Beaujol

 

A PEST TO A SOCIETY

"An ironic man, with his sly stillness, and ambuscading ways, more especially an ironic young man, from whom it is least expected, may be viewed as a pest to society."

"L'ironie chez un homme mûr, avec sa tranquillité sournoise, et ses ruses continuelles, mais particulièrement chez un jeune homme, de qui on l'attend moins, peut-être regardée comme un fléau pour la société."

Thomas Carlyle, Sartor Resartus

 

LA VOLUPTÉ DE LA BOUCHE

"La jouissance de la bouche est infiniment plus agréable, tant pour l'homme que pour la femme. La meilleure façon de la goûter est que la femme s'étende à contresens sur le corps de son fouteur : il vous met le vit dans la bouche, et, sa tête se trouvant entre vos cuisses, il vous rend ce que vous lui faites, en vous introduisant sa langue dans le con ou sur le clitoris; il faut, lorsqu'on emploie cette attitude, se prendre, s'empoigner les fesses et se chatouiller réciproquement le trou du cul, épisode toujours nécessaire au complément de la volupté. Des amants chauds et pleins d'imagination avalent alors le foutre qui s'exhale dans leur bouche (...)"

Marquis de Sade, La philosophie dans le boudoir


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