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Boris Casas vient de publier cher Prétexte Éditeur : L'amant de Sophie
(première séquence d'un livre en cours intitulé D i.e. – à venir :
Tout au monde (D i.e. 2) et L'ébloui (D i.e. 3))
SUC
(un choix de fragments courts issus de
tout au monde (D i.e. 2))
JE découvris Trieste
sa mer pressante
e t
ta bouche
PENSER noircir du
papier l'indissoluble intrication
LA lettre D visible et cachée
niemals
like the shell
ALPHABET poussé à l'extrême ( répertoire
des
plaisirs potentiels )
LITTLE letter kiss plus
belle quand elle se fait
l es yeux
LE je est modification
incessante et
risquée exact e hésitation
FAIRE coïncider l'affect et sa langue
indécente
IL fit de la bibliothèque un
labyrinth e de lui-même
un droit à l'autonomie
JE
voyais les tressaillements
des truites dans
la vase
ŒIL injecté de sang
splendide couleur d e
tapisserie
LE ruissellement la
détresse
d'un langage qui a toujours commencé les
insectes s'y grillent dans un bruit sec
LE
fleuve a pris la couleur des
tessons d es
prunelles
ÉCRIRE une œuvre composée
entièrement de citations
LE poème
une
fête de la
pensée un acte labial
QUAND du ciel se détache une plus lente
pluie il s'arrête soudain
saisi
par le tragique de l'océan
FIDELITÉ à ce
qui ne peut être
passé sous silence
UNE femme appartient à qui l'aime nous
réclamons la conséquence
matérialiste
JAMAIS l'absent ne sera moins que le
présent tu
es ma
parenthèse sans protection ni menace
ÊTRE
vivant apprendre
la langue écrire
ne nécessitait aucun attirail
L'ACTE d'écri re
une
impuissance qui
se tourne vers elle-même
LA langue est
une maïtresse
des pensées une
mouche vivante dans la tête d'une poupée
AZUR bleu vorace chantant désir
dans
commencer
LE jaune des citrons cette pureté d'huile
noire donnait matière à ses paroles
PLAIE
violacée atrocités de la langue
EN
termes langagiers
que toute règle se résolve en un chaos
de doutes
ILS avaient incendié son toit
un
rêve franchement sexuel
TOUTE connaissance
est inquiétude
des échos de
son dire
ICI
est le lieu d un
langage second
CERNÉ d une douceur nouvelle
inusitée noir
de pluie
sous ciel boueux de nuages
PLUS explicite
ses
yeux noirs son
intelligence cinglante
ARRÊTER le mot
l'exhiber
en
tant que tel
ARRACHE les noix les
écrasent et me
tache les mains à leur acide vert
LE point de la rencontre
l'instant de la nomination réelle
ICI-BAS est notre
adresse permanente
HARASSÉ
consumé de fatigue les mots exacts
alimentent ma faim vide de toi
UNE impulsion qui nous jette hors
mordant la terre où poussent
les lilas
CHOSE naufrage est-ce
moisson
fourmillante
BOURRASQUE poignées d'impulsions
transporté madame
par vous qu'en cet état je suis
LA poésie est une déviance
de détruire
L'ÉTHIQUE est l'investigation
générale de ce qu est u n e
rencontre
UN
iris
dentelé par le gel
HALEINE contre haleine
poème ne suffit s'il ne garde
vie enfuie
ÉCOLE des nuances la
phrase
ce à quoi je m'en tiens fermement
UNE rencontre peut décider de
notre vie que toute liesse s'y assemble
SOUS la bêche la clarté des légumes
dans la terre ouverte
accable nos natures
ELLE disparut ne jamais
faire de confidences cela abïme le
souvenir
CE
superbe amalgame
l'enquête sur l'espace
l'érotisation du langage
QUE notre langue soit réglée cela contraint
notre vie voir c'est oublier le nom
de ce que l'on voit
POÉSIE conséquente
pensée
intrinsèque
SA langue à elle
tiède et charnue gelée exquise
piquant e
LEURS lèvres se séparent
poisseuse fruitée
du
sang rouge des mûres
L'ENCRE
même des choses
INCERTITUDES excès
ce
qui me
constitue me piège sur-le-champ
SA
pensée se
fraye dans un entrelacs de discours
VISER avec brutalité le réel
un corps dont la chair même serait faite de
lettres
CETTE
rafale
cet exode
L' AMOUR
comme un objet une percée dans
l'étonnante journée
LA voix : âme faite chair alors on se promet
de voyager sans cesse
RIEN
ne
pouvait lier que des dissemblances
FORMER des phrases
ce que je ne cesserais plus d'aimer
VIDER l'étang pour avoir les poissons
furieuse
passion du tangible
UN forage vers
le
suc
FAIRE miroiter
dans les mots un
cri
dans les choses visibles
CHOISIR le monde
tout est dit au début en
collages intuitions réciproques
Benoit CASAS :
né en 69. Fauteur de poésie, éditeur NOUS,
antiphilosophe, libérovore, italophile,
caviardeur et as de pique.
Note du webmaster : nous avons fait en sorte de respecter au mieux la présentation typographique originale de ces quelques extraits. Il est probable de voir une différence entre la présentation des textes du livre lui-même et cette page web.