Vitesse de la lumière
peintures de Christian Broutin
textes manuscrits d’Andrée Chedid
une nouvelle collection Le
Voir dit
aux Éditions de l’Amandier
dirigée par Françoise Dax-Boyer, écrivain
et Laurent Citrinot, éditeur
Date de parution : 15 décembre 2006
48 pages, format fini :
22 x 22 cm. Prix : 30 €
couverture quadri, pelliculé avec rabats latéraux de 10 cm
Illustrations et détails de 8 toiles de Christian Broutin
Entre le voir et le dire :
Christian Broutin et Andrée Chedid
Le titre de la collection avait été suggéré par
le poète Jean Tardieu pour le film que lui avait consacré Arte
en 1991, Jean Tardieu ou le Voir dit, révélant ses
rapports secrets avec certains peintres contemporains, comme Jean Bazaine,
Vieira Da Silva, Hans Hartung, Picasso ou Pierre Alechinsky… pour
n’en citer que quelques-uns.
L’origine de ce titre vient de Guillaume de Machaut, poète et
musicien du XVIe siècle, créateur
de l’école polyphonique française, qui a écrit
un poème d’amour de 9 000 vers : Le Voir dit.
Or, à l’époque, le « voir » signifiait le « vrai » ;
double raison pour nous de choisir ce titre à double sens. Il y aura
donc, dans cette nouvelle collection, à voir et à dire vrai.
Vitesse de la lumière / Instantanés est le premier
livre de cette nouvelle collection, Le Voir dit, dont le but est
de mêler peinture et poésie contemporaines, réseau croisé des « phares » déjà allumés
par Baudelaire avec Delacroix.
Reproduisant les peintures de Christian Broutin et les textes
d’Andrée Chedid, ce premier ouvrage illustre bien la philosophie
de cette nouvelle collection qui souhaite, dans chacun de ses livres, mettre
en scène la rencontre d’un peintre et d’un écrivain
contemporains ; le lecteur étant ainsi convié, devant
le rideau de la scène, à « voir » une œuvre
et, derrière le miroir, dans l’arrière pays, à « entendre » un
texte qui se déploiera sous ses yeux comme une interprétation
libre et subjective de la chose vue.
Par ailleurs, le livre exprime la quête commune des deux artistes ;
Andrée Chedid et Christian Broutin parlent d’une même
voix de tout ce qui nous touche – ici la mort d’une mère
très aimée – et de tout ce qui nous dépasse.
Poèmes et tableaux révèlent les liens tissés
au cours d’une vraie rencontre – un des objectifs-clés
de cette nouvelle collection – celle qui suscite le « déclic » de
la création commune, transcendant une réalité douloureuse
ou un bonheur partagé.
Andrée Chedid, avec le talent et la pudeur qui la caractérisent,
a su réinventer le deuil d’une mère à travers
les souvenirs de Christian Broutin. Ce dernier, grâce à des
clichés photographiques, a pu, en passeur inspiré, peindre
de grands tableaux en noir et blanc, qui rendent encore plus vives l’émotion
et la nostalgie du paradis perdu de l’enfance.
Ce travail correspond en tout point à une déclaration de foi
d’Andrée Chedid : « J’écris
pour essayer de dire les choses vivantes qui bouillonnent au fond de chacun ;
j’espère ainsi pouvoir communiquer (…) Je veux garder
les yeux ouverts sur les souffrances et la cruauté du monde mais aussi
sur sa lumière, sur sa beauté, sur tout ce qui nous aide (…) à mieux
vivre, à parier sur l’avenir. »
Enfin,
notons, qu’autour de ce livre d’art, se rejoue une autre rencontre
réalisée vingt ans plus tôt, autour d’un autre
ouvrage, Le Sixième jour. Françoise Dax-Boyer s’était
vue confier par Andrée Chedid la rédaction de la préface
de son roman (Flammarion – Castor Poche) et Christian Broutin l’illustration
de la couverture – la felouque sur le Nil.
En 2006, c’est elle, devenue directrice de collection, qui demande à l’écrivain
d’inaugurer, aux côtés de Christian Broutin, son Voir
dit.
La Mère écrite
« On n’écrit que pour sa mère (…)
L’écriture et la mère ont partie liée » affirme
François Weyergans. Dans ce livre, l’écriture, la peinture,
et la mère tissent des liens si mystérieux qu’on ne
sait qui, de l’écrivain Andrée Chedid ou du peintre
Christian Broutin, réinvente la mère.
Mise en scène subtile d’un moi-toi, toi-moi, eux-elles, nous-eux,
elles-nous, où leurs structures mentales s’entrelacent pour
donner à lire et à voir la déchirure du jour même
de la naissance, la nostalgie du paradis perdu de l’enfance.
Entre eux, une alchimie intime, une co-naissance où l’art est
salvateur. Elle ne résiste pas à son oeil rieur et quand l’œil
viseur de Christian Broutin capte les événements clés
de la Vie, donnant chair et sens à une mère trop tôt
disparue – il avait à peine cinq ans –, elle
lui dédie ces « Instantanés » de force,
d’espoir et d’amour.
Par le travail du pinceau, véritable corps à corps avec la
création, il provoque, en choisissant le noir et blanc, un choc émotionnel
sans égal. La perspective des ombres et des lumières, l’étrange
obscurité des jours, les pertes de perception et de vision allant
jusqu’au mirage intérieur du cimetière, ouvrent sur des
abîmes que seul le langage d’Andrée Chedid peut traduire.
(…)
La vitesse de la lumière, surtout ne la dépassons pas ! Sachons
rester dans les remous, les révoltes, les combats, les yeux grands
ouverts sur la vie.
Méditation sur le temps qui passe et la mort, mystère de la
peinture qui pense sans mots, mystère de l’écriture qui
pense parfois sans images.
Françoise Dax-Boyer
extrait de la préface
Le peintre : Christian Broutin
Né le
dimanche 5 mars 1933 dans la Cathédrale de Chartres, Christian Broutin
a choisi, il y a plus de vingt ans, la vallée de la Seine pour y poursuivre
son aventure picturale et graphique.
À cinq ans, après la mort de sa mère, guidé par son
grand-père maternel bibliophile, il découvre le dessin en copiant
Grandville et Gustave Doré. Le début d’une vocation : « J’ai
dessiné depuis que je suis enfant. Je ne pensais pas en faire un métier
tant c’était ma façon de respirer ». Il entre à l’École
nationale supérieure des Métiers d’Art et sort premier de
sa promotion. Il obtient en 1953 le professorat de la ville de Paris.
Touche à tout de génie, il travaille pour le cinéma,
la publicité, l’édition, la photographie et ne cesse
de poursuivre une oeuvre de peintre et d’illustrateur, de plus en plus
reconnue.
Ses toiles sont exposées en France et à l’étranger,
des États-Unis au Japon en passant par le Canada, l’Italie,
le Danemark, la Grande-Bretagne et l’Espagne. Il obtient en 2003, le
prix du Conseil Régional d’Ile de France pour une de ses peintures.
Il a réalisé une centaine d’affiches de films, notamment
celles de Jules et Jim de François Truffaut, pour laquelle
il obtient le prix Toulouse-Lautrec en 1962. En 1976, il crée, à partir
de ses dessins, un court-métrage La Corrida qui lui vaut
le prix Jean Vigo. En 1983, il reçoit le grand prix de l’Affiche
française.
Parallèlement, il participe à de nombreuses campagnes de publicité pour
les plus grands annonceurs.
Il illustre plusieurs dizaines de romans, ainsi qu’un grand nombre
de couvertures d’ouvrages – parmi lesquelles Le Sixième
jour d’Andrée Chedid – et des livres pour la jeunesse
et la littérature fantastique.
Depuis 1996, il est créateur de timbres pour la Poste – dont
la série « Jardins de France » – et reçoit,
en 2003, le Grand Prix de l’Art Philatélique Français.
Passionné de sports, de gastronomie, d’oenologie, d’astronomie… et
du Mont Saint-Michel, il puise une partie de son inspiration dans les voyages
qui lui font parcourir la planète qu’il observe d’un œil
toujours neuf.
Les huit toiles du présent recueil de grande taille, peintes à l’acrylique, lissées et sans empâtement, sont dédiées à sa mère, « images si réelles, si rêvées » du vert paradis de l’enfance qui ont tant touché Andrée Chedid.
L’écrivain : Andrée Chedid
Née
au Caire en 1920, Andrée Chedid habite Paris dès 1946, par
choix, parce qu’elle aime cette ville depuis l’enfance.
Elle écrit depuis l’âge de dix-huit ans, : « Écrire,
c’est très dur, c’est aussi de grandes fenêtres
de joie… »
Mise en pension à l’âge de 10 ans, elle apprend l’anglais
et le français mais exprime sa tendresse en arabe. Après un
séjour en Europe, elle revient au Caire dans une université américaine.
Son rêve était d’être danseuse mais elle y renonce
pour se marier à 22 ans avec un médecin dont elle a deux
enfants, Michèle et Louis, et, à présent, des petits-enfants.
Pour avoir vécu et fait des études en Égypte et au Liban,
elle connaît aussi intimement le Moyen-Orient que la France et l’Occident.
Son œuvre entière porte les marques de ce multiculturalisme,
riche de questionnements sur la condition humaine.
Aujourd’hui elle occupe une place de choix parmi les auteurs français
contemporains. Romancière, nouvelliste, dramaturge et surtout poète
: « Je reviens toujours à la poésie, comme si c’était
une source essentielle », ses nombreux ouvrages en prose, notamment Le
Sixième jour, porté à l’écran, ou
en vers lui ont valu d’importants prix littéraires, comme le
Goncourt de la nouvelle, le Grand Prix de la Société des Gens
de Lettres, le Prix Louise Labé, le Prix Mallarmé… pour
ne citer que ceux-ci.
Andrée Chedid est une femme bien de notre temps ; ses écrits
restent jeunes dans le plein sens du terme. « Avancer, reprendre
joie, défier l’obstacle, peut-être le vaincre, puis aller
de nouveau : tels sont nos possibles. » Ainsi s’exprime-t-elle
dans une sorte d’art poétique qui est aussi art de vivre intitulé Terre
et Poésie dans le recueil Visage Premier (1972). Toujours
active aujourd’hui dans le monde des lettres, elle a publié un
récit en hommage à sa mère Alice Godel, Les saisons
de passage, et plus récemment des poèmes réunis
sous le titre Rythmes aux éditions Gallimard.
Les prochains titres de la collection :
Françoise Dax-Boyer et Michael Lonsdale, L’Éden,
avant et après, mars 2007
Claude Ber et Pierre Dubrunquez, titre à déterminer, juin 2007
Jean-Paul Fargier et Buraglio, titre et dates à déterminer.
Publié avec le concours de l'établissement public de coopération culturelle du Château de la Roche Guyon