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Supplément du numéro 54, IRONIE : L'ART DU MAUJOIN. |
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IRONIE numéro 54, Juin 2000 |
Lundi Jour de pleine lune |
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Devant le
feu de bois des braises un fauteuil de cuir la pivoine épanouie la levrette réussie. Eh oui ! C'est déjà fini ! |
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Vendredi Jour de Vénus |
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Le canapé
de la salle d'eau manucure pédicure lait sur le corps sans remords bracelet autour de la branche fleurie tige gonflée de lait dans l'anis étoilé il pleut sur les nuages bain de volupté après l'extase l'eau sale jusqu'à la blancheur ! |
Dune blanche Noces,
ivresse |
Bruissement
d'ailes Un goût
d'embrun |
Un ours
blanc |
Contre
la cognée |
Le poisson
frétille |
Le feuillage
ocre |
La montée
vers la cime |
La main
sur la bouche |
Pressez
doucement Au cœur
de la fleur |
Humez Restez
dans l'antre |
Caressez
doucement Si étroite
qu'elle soit |
Maquereau
barbu Léchez
le bout saumon |
La bouche
et le bouge
La chatte et la chair
Le dard et le destin
La fleur et le festin
Le gland et la gloire
La langue et le lit
La mort et la morsure
La peau et la pensée
Le rire et le rut
La vulve et la vie.
La bataille
et le baiser
Le cri et le corps
La danse et le désir
La folie et la fée
Le jet et le jeu
La main et la musique
Le nu et le nid
Le ru et la rive
Le sang et le suc
Le temps et la touffe.
à Giovanni | |
Sous les
planches le clapotis de l'azur
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C'était
sur une autre planète sous le soleil exactement. |
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Sur
les bords de ce fleuve, faussement séparés, O gué
! O gai frisson des eaux ! |
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Traverser
les vergers, gagner la clairière par vent léger et se glisser sur les bobines de foin. Voir les feuilles de sureau à l'envers, l'éclat pourpre du soleil et des drupes écrasées sur ta peau, le sang des ronces couler sous ma langue la bouche gourmande chercher la source où boire le suc de la vie étouffer d'un baiser la montée des soupirs avant de s'enfoncer dans les voiles de soie pour capter la lumière bue. Fermer les yeux, voir les lueurs de la nuit annoncer notre chute. Ecouter le cri du héron le baiser de la carpe le silence du jour. |
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Ce
n'était pas le fleuve mais la forêt profonde, plus surprenante encore, bien au-delà du temps. Ils étaient côte à côte pour traverser la nuit, et les yeux fermés sur leur double plaisir, ils retenaient à peine leurs souffles. "Viens, viens !" murmurait-elle et moi : "Je te rejoins." Soudain leurs deux regards s'ouvrirent sur le jour, la clairière était là avec toute la vie et toute la beauté. Alors, de sa voix d'ange elle dit en riant : "Ouf ! Nous sommes sauvés." |
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C'était
sur une autre planète sous le soleil exactement. |
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Françoise Dax-Boyer |