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En guise de contre-don, vous pouvez envoyer à Ironie
un carnet de timbres, afin qu'elle poursuive sa course folle.
"Précisions, statistiques : autant d'inutiles obscénités.
Les souvenirs me condamnent aux remords. Et tout de même la parade
continue. C'est que l'odeur mauvaise des réminiscences attire
les mouches. Je vous jure que ça ne sent pourtant pas la chair
fraîche.
Et voilà qu'il ne s'agit plus seulement d'apporter une livre bien
saignante, mais les curieux insistent. A qui l'a-t-on prise cette
chair humaine ? Il va falloir répondre.
Alors intervient une volonté de mensonge. Ceux qui aiment les
mots distingués l'appellent pudeur. D'autres - les plus habiles
- disent qu'il est temps de passer aux choses de l'art, et pour
se donner du cur, sur l'air des lampions, ils se chantent à eux-mêmes
: transpositions, transpositions, transpositions.
- Et hardi petits ! Nous aussi nous savons fabriquer de la fausse
monnaie, des faux visages, des faux noms. Nous aussi nous allons
écrire des romans, des confessions et servir une belle tranche
de vie. Au travail.
Demi-aveux, les pires mensonges. Doit-on accuser le défaut d'invention
ou la joie de se brûloter au feu qui fut celui de la plus belle
jeunesse ?
Après avoir erré par les rues, si je n'ai pu y découvrir quelque
raison de m'attarder ou de prolonger ma promenade, rentré chez
moi, lorsque j'ouvre un livre au hasard, plus encore que de la
pluie, des badauds ou des importuns croisés tout à l'heure chemin
faisant, je m'irrite de cette imprimerie. Les hommes n'ont de
souvenirs ou d'aveux qu'afin de cacher ce qu'ils craignent de
découvrir de leur vrai visage, de leur présent.
Etranges perruquières que vos mémoires, vous tous qui avez écrit,
peint, ou sculpté. Vous vous êtes maquillés et, avec des grimaces
sous du fard, avez tenté de donner les minutes touchantes des
visages humains. Souvenirs et intimes désirs jamais assouvis et
même non avoués, vous avez voulu tout concilier par le jeu de
quelque logique.
L'art ?
Laissez-moi rire. (...)
C'est toujours la même histoire : sous prétexte de civilisation
il faut vivre au milieu des ersatz. Et déjà s'édifie un système
qui explique notre perpétuelle solitude : si nous demeurons sans
compagnons parmi ceux qu'on nous a dits nos semblables, c'est
que nous ne trouvons aucune créature spontanée."
L'époque est misérable c'est certain, j'en ai les preuves ...
Ecoutons, tendons l'oreille au bavardage incessant de l'im(age)monde,
la rue, les bars, les lieux de travail, la radio, la télé poubelle
... l'ennui, l'accablement de la nuit partout. Enorme décalage
entre la conscience que j'ai d'être dans le cours de ma propre
histoire particulière sans confusion possible avec une autre et
la non-conscience générale que je perçois distinctement dans l'écoulement
somnambulique des discours entendus et ressentis, vidés de tout
sens, de toute substance. Pauvreté et vulgarité des mots, des
imaginaires, uniformisation et aliénation générale à la marchandise,
devenue reine. Etrange impression que celle de voir alentour si
peu d'hommes, si peu intéressés à eux-mêmes. Etrange impression
de ressentir chaque jour davantage un monde qui se lève, un nouveau
monde épris de néant, un désert toujours plus ouvert, toujours
plus couvrant ...
Arthur Cravan écrit au début du siècle : "Dans la rue on ne verra
bientôt plus que des artistes et l'on aura toutes les peines du
monde à y découvrir un homme." Nous y sommes, les manifestations
et publications dites culturelles n'ont jamais été aussi florissantes.
Aujourd'hui n'importe quel crétin médiatisé peut étaler sa bêtise
à grand renfort de publicité, tout simplement parce que la bêtise
appelant la bêtise le tirage peut être considérable et le coffre
bien rempli.
Et l'homme ? De plus en plus rare, bulle de néant; agitation,
bruit et fureur se déposant sur tout. Y a plus d'hommes ... L'homo-sairien
est fatigué de lui-même, les histoires ne l'intéressent plus,
il n'y croît plus, ne cherche plus une quelconque voie de salut.
C'est un fantôme déjà passé, en attente du passage à la trappe.
En ce point de constat amer, il y a urgence camarade résistant;
l'humble mortel que je suis lance un appel au cur charitable
pour sauver l'espèce "homme" en voie rapide d'extinction.
Que tout homme encore vivant lorsqu'il le peut et le veut se fasse
médecin. Qu'il apporte à son prochain quelques solutions thérapeutiques
en vue d'arrêter l'hémorragie du sens et du plaisir.
Dix conseils pour un jeu sérieux :
Voilà, il me semble une action possible, pour rendre ce monde
plus vivable. A l'intention des apprentis médecins : l'éloquence
est bien sûr de rigueur, ainsi que le zèle déployé auprès du sexe
féminin. Les cours particuliers pour les jeunes femmes sont fortement
encouragés.
Sauve qui veut la vie ...
La politique couleuvre des couloirs est en uvre. La stratégie
architecturale du "Château" s'amplifie. L'homme se fluidifie dans
les artères construites pour sa mobilité calculée et névrotique.
L'esthétique carrée et propre du couloir saccage la curiosité,
les anfractuosités d'un lieu, d'une ville, et fait de l'homme
une matière première ou fécale circulant dans les rouages de la
société marchande. Nous plongeons idiots dans la théorie des flux,
inventée pour nous, pour nous perdre. Tout est une affaire de
flux. L'arrêt subversif, plus ou moins long, lié au hasard de
l'expérience, vous met d'ores et déjà hors-la-loi de la logique,
de la mécanique des fluides. Votre arrêt ironique, ruse de l'intrépidité
de la pensée, n'en finit pas de provoquer des soupçons. Vous jouissez
de situations inédites.
On parle de flux monétaires, de gestion des flux, des flux artistiques,
de circulation, du flux des marchandises, des flux migratoires,
le tout générant une société enflée de flux permanents. Ainsi,
l'Organisation économique et politique, afin de les contrôler,
de les faciliter, planifie les infrastructures. A Paris, le stationnement
est limité (disparition des bancs), voire interdit (axe rouge,
vigipirate). La ville est censurée, sa beauté présumée et préservée
canalisée ! Une esthétique des couloirs bétonnés inspirée par
le métro et les parkings nous circonstancie dans une esthétique
de la misère souterraine ! En plus des musées, bibliothèques,
hôpitaux, casernes, lycées ..., les rues deviennent les couloirs
de notre impuissance à jouir. Quoi de plus facile à surveiller
qu'un couloir ! Le "Château" était en place, ils l'ont fortifié !
De même, ceux qui manifestent dans les rues contre certaines lois
et faits, pour certaines causes ou logiques, jouent à la théorie
des flux. Le préfet les assigne à un trajet précis - souvent variable
pour ne pas paralyser les commerçants d'un même quartier - en
vue de régler le service policier et celui du nettoyage de la
voirie, ballet vert efficace lavant l'asphalte pour que les nouveaux
éléments du flux ne s'aperçoivent de rien.
Ainsi l'aveuglement continue ...
Man Ray - Eté 1929
Bénis ô rouge pine
ce jeu de tes deux couilles
La belle et la bite
Habile habile habile
La bête, la grosse bête
La bite et la belle
Dit Bite ah bite habite
Moi vite
L'a montrée au bouton/La bite
L'a frottée au bouton/ La belle
Elle entre dans le con/La bite
La belle la belle la belle /Bite
IL ENTRE ELLE JOUIT
ELLE JOUIT C'EST UN PLAISIR
IL ENTRE ELLE JOUIT
ELLE JOUIT TANT QU'IL J
OUIT