> IRONIE numéro
42, Mai 1999
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Supplément
du numéro 42, Poésies de |
"Un prodige m'est advenu. J'ai été ravi au septième ciel. Là, tous les dieux assemblés m'accordèrent par grâce spéciale la faveur d'exprimer un désir. "Veux-tu, dit Mercure, la jeunesse, la beauté ou la puissance, une longue vie, la plus belle des jeunes filles ou quelqu'une des nombreuses merveilles que nous possédons dans notre vieux bric-à-brac, - choisis, mais une seule chose." Un instant je restai déconcerté, puis m'adressant aux dieux, je leur dis : "Très honorés contemporains, je choisis cette seule chose : avoir toujours les rieurs de mon côté." Pas un seul dieu ne répondit, par contre tous éclataient de rire. J'en conclus que ma prière était exaucée, et il me parut que les dieux s'exprimaient avec goût, - n'aurait-il pas été déplacé, en effet, de me répondre gravement : "Nous te l'accordons.""
"O Amor é
finalmente "Finalement c'est ça l'Amour
:
um embaraço de pernas, c'est de jambes un emmêlement,
uma união de barrigas, une agglutination de ventres,
um breve tremor de artérias. un bref tremblement des artères.
Uma confusão de bocas, C'est un accouplement de bouches,
uma batalha de veias, un combat sans merci de veines,
um rebuliço de ancas, un enchevêtrement de hanches,
quem diz outra coisa, é besta." qui dit le contraire,
est un niais."
"Certains esprits, pour faire éclater leur feu, ont besoin d'être contenus et comme captivés par un sujet fixe et un temps court. Ils éclatent alors et s'élancent par jets, semblables à ces vins qui ne pétillent et ne montrent leur feu que lorsque, renfermée en un petit espace et contenue entre les parois d'une bouteille, leur fermentation se concentre et prend une vivacité que plus de liberté anéantirait."
"Sans érotisme, pas de pensée"
Rien n'est plus personnel que le temps. Inégal pour tous, il est pourtant démocratique en un sens. Chacun en possède sans pouvoir connaître ses ressources, l'utilise à son gré. Libre à soi d'en gagner, de le perdre ou en avoir devant soi, vivre dans le présent, le passé ou l'avenir. Parallèlement à ce temps personnel existe un temps imposé, une ponctuation officielle. Son unité de mesure en diffère. Le calendrier ne scande pas au jour le jour, mais rythme en termes de journées, fêtes, semaines, événements... derrière lesquels se cachent diverses institutions et associations. Cet autre temps est celui de la célébration. Sur l'autel de la culture humanitaire, on sacrifie une semaine pour la défunte poésie, une journée à la musique, l'Internet, une année à un grand homme... On consacre aussi des journées, des fêtes condescendantes de lutte contre des maux que l'on ne veut soulager qu'un jour par an (la faim dans le monde, le sida, etc...) ou pour des minorités ou pseudo telles à réhabiliter. On célèbre alors pèle-mêle la femme, le cheval, les handicapés, cyclistes, piétons, mères, pères, grands-mères, grands-pères... L'absurdité du mélange semble ignorée. Le calendrier politically correct se bat pour de fausses causes. Par la vanité de ses cultes, il détourne l'attention des vrais problèmes. Il joue le rôle de bonne conscience pétainiste, de mémoire postiche pour société qui perd la tête. Les médias lui assimilent des "événements", grandes messes qu'on ne saurait manquer (salons, festivals, etc...) si bien que le temps imposé n'est jamais libre. Il ne respire pas. On le gave. C'est pour cela que la société, lorsqu'elle sort sa culture humanitaire affirme qu'il faut savoir le gérer, comme l'argent !
Je suis lhomme à la tête de flouze ! Si jen ai ? affirmatif ! Si jen file ? No comment Pièces, fafiots, lingots ? Peu importe affirmatif ! Et quoi dautres ? No comment ! Compte en suisse ? Déconne pas ! Planqué ? A lombre, net dimpôts ? Affirmatif ! Des combines ? Toujours, tout le temps, sans arrêt ! Actions ? Ah ouais, ça ouais, beaucoup, moult, quantité ! Dividendes ? Arrête ! Tu te fais du mal ! Plus-values ? Touche pas à ça petit, tu vas y prendre goût ! Défiscalisé, paradis fiscal ? Arrête bon Dieu, ah putain ça y est, tes foutu ! Tu mas vendu ton âme ! Ah ah ! Business is business Je fais tourner les têtes, jenfante la prostitution, je fais commettre des crimes, et quelquefois des abominations La religion, cest moi ; je suis paroisse, je suscite des vocations ! Je baptise à tour de bras, jenrôle, je convertis, je prêche dans toutes les langues : dollar, yen, euro ! je donne la foi à des milliards de miséreux dont quelques poignées seulement décrocheront la timbale, lhostie, la galette, le pactole, le Paradis Au nom du Pèze, du Fric et du Saint-Artiche, tuez-vous les uns les autres !
Ah ! hi, hi Ya longtemps que jai gagné, la partie ! Jai plus rien à prouver, mais je continue ! Je suis vicieux, je mamuse Je fais la sortie des Ecoles ! Je les attends, je les cueille « Amour » quils disent ! Egalité ! Liberté ! Ah, ah, ah Sont-ils jeunes, les nouveaux diplômés ! Alors, moi je mapproche, et je leur chuchote dans le creux de loreille : «pognon», mon petit ! Ils font comme sils navaient pas entendu, les fourbes ! Mais moi je sais quils ont très bien compris Je vois leurs pupilles se dilater, la fièvre monte, la drogue sinsinue, se distille, fait son petit effet : lambition, la jalousie, tout est en place ! Le film peut commencer ! Moteur ! Money
Jai commencé doucement, certes, mais maintenant jai fondé un véritable empire, ou plutôt une sorte dEnfer ! Ya plus rien sur cette planète que je nai vérolé, contaminé, corrompu Les files de smicards qui vont claquer leur paie au P.M.U. le dimanche, cest moi ! Les grouillots qui épluchent La Tribune dans le métro le matin ? Thats me ! Les magnats du pétrole, les barons de la finance, les raids, les O.P.A. et les fusion-absorptions ? Je ! Les plans de licenciements de quinze mille personnes dans les multinationales super bénéficiaires ? Mon uvre ! Détournements de fonds publics, malversations, pots-de-vin, faux et usage de faux, corruptions diverses ? Ich ! Publicité à gogo et à outrance partout et everywhere ? My personal touch Oh, joubliais : lautre soir, au journal de vingt heures, il y avait lhôtelier dune station de ski qui parlait de «Capital neige» ! Il ma ému, le petit ! Cest tellement moi, de causer comme ça
Ah oui, oui c'est ça : je les ai dressés, éduqués, initiés au culte du billet vert ! Et javoue que maintenant, les élèves ont presque dépassé le maître ! Tenez, les Berlinois sont en train de mettre au point un système pour diffuser des films publicitaires par les fenêtres du métro pendant quil roule ! Ça, jy avais pas pensé ! Mais lidée me plaît bien, ah ah oui, lidée ma séduit Les vaches, ils ont un wagon doseille davance ! Peut-être quun jour, on dormira avec un canon à pub dans le cul ! Oui, oui Ce serait merveilleux, celui qui inventera ça, je lui cède mon royaume !
Oh seigneur jai tout bouffé, tout ! Le cinéma ? Commercial ! Télévision ? Mon fief ! Littérature ? Ah bah ça cest pas compliqué, ya plus ! Pas le temps and dont forget : time is money ! Les loisirs ? Parcs dattractions, tours operators, locations de vacances, marchands de souvenirs, sur-exploitation de sites touristiques Oh oh ! Ah là pardon, jai fait le ménage ! Ah ben quest-ce qui reste ? Le web ? The last, but not the least Plus possible de diffuser une page H.T.M.L. sans que deux ou trois annonceurs y mettent leur grain de sel ! Et puis Internet, ça commence déjà à rapporter des pèpètes, hein ! Ah, ah, dès qu'ya une naissance, je suis le parrain !
Eh oui, il ny a plus que moi ! Je règne sans partage ! Je suis le patron, le boss, le caïd, le roi tout puissant ! Tout le monde mhonore, tous me respectent ! On me fait des courbettes, on me déroule le tapis rouge, on me chouchoutte, on midolâtre ! Quelquefois, jen croise qui vendraient père et mère pour quelques picaillons Ils sont à moi, comme une pièce de monnaie est à celui qui la tient dans sa main ! Largent na pas dodeur : la puanteur est alentour Bah, au fond, je me sens un peu seul, car cest vrai, je suis tout seul, mais je suis partout ! Je suis partout, je suis partout
"Pourquoi donc te rendre
malade en te branlant constamment la pine lorsque tu pourrais employer beaucoup
mieux cette douce liqueur qu'il est à mon avis complètement
inutile de perdre. Que mes lettres te rendent heureux, j'en ai l'âme
entièrement ravie et le cur des plus joyeux puisque mon seul
but est de te plaire. Mais je voudrais aussi te rendre heureux par ma personne,
t'amuser, te distraire, te montrer que je t'aime et te donner enfin en réalité
ce que tu ne possèdes qu'en imagination.
Ce que tu me fais de plaisir en me disant que je te procure d'énormes
jouissances, m'enchante; aussi mon gros bouton du bas est-il d'une polissonnerie
insupportable, ce Monsieur ne fait que m'énerver. Je ne puis pourtant
le faire jouir du matin au soir car j'en deviendrais imbécile. (...)
Je veux jouir par toutes les portes, en faire où il n'y en aura pas.
Prends un scalpel, découpe, charcute, et fais de moi une femme tout
à fait prodige pour que je puisse conquérir ton amour absolu.
L'idée de la saucisse est vraiment ingénieuse. Elle l'a donc
fait cuire à la chaleur de son con ? Combien de temps l'a-t-elle gardée
entre ses jambes ? C'était vraiment une grande cochonne. La graisse
de la saucisse, si elle l'avait fait cuire, devait couler dans son con, et
tu étais bien cochon, bien saligaud de bander ainsi en voyant une pine
factice dans le con de ta bien-aimée. Il est bien assuré que
si je t'avais vu jouir ainsi j'aurais voulu me joindre à vous autres.
Crois-tu que j'aurais assisté à cette exhibition de pines, de
couilles, de culs, de cons et de branlage ? Je me serais immédiatement
mise de la partie, et cela vaut bien toutes les pines de la terre dont je
n'ai nulle envie, hormis la tienne. Mais, mon pauvre amant, tu n'aurais plus
de pine que je t'aimerais tout de même."
"Le con1
est la forteresse,
le pénis2
est le capitaine,
les couilles3
sont les bombardiers,
la motte4
est la mèche."
Cherchons à railler
en tous lieux,
Soumettons à nos ris et le ciel et la terre :
Livrons au ridicule une éternelle guerre,
N'épargnons ni mortels, ni dieux !"
1 Milosevic
2 Clinton
3 Les médias
4 La haine