IRONIE numéro 47 (Novembre 1999)
IRONIE
Interrogation Critique et Ludique
Parution et mise à jour irrégulières

> IRONIE numéro 47, Novembre 1999

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Supplément du numéro 47,
IRONIES : LA FEINTE TRINITÉ.


NIETZSCHE EST UN ET HEIDEGGER RIEN !

Dans le bain du nihilisme, l'idéal de Nietzsche était le 1, tandis que, pendant l'ère des revendications de l'être, le désir larvé d'Heidegger était le 0. Au sein de ce couple fondamental de la pensée, Nietzsche serait la mère (0) et Heidegger le père (1).
Nombre de leurs enfants se sont disputés violemment tels Bataille, Lacan, Blanchot, Klossowski, Derrida, Deleuze, Rosset, Kofman, Foucault, Onfray, Baudrillard ..., les uns aimant maman, les autres adorant papa. Ce fut un drôle de charivari qui n'est pas fini, un vaste malentendu familial du fait que les enfants ne pardonnent pas à leurs parents de s'aimer très au-dessus de leurs espérances. Les fils à papa souffrent du déni de la paternité des fils à maman : "Il n'y a que maman qui compte, c'est elle qui nous a nourris, choyés, plus que papa qui était souvent absent, comme un spectre". "C'est pas parce qu'il n'est pas là, qu'il ne nous aime pas".
En fait, ce n'est un secret pour personne, papa aimait follement maman et ça, c'est rare et insupportable, d'autant plus que papa, quelques temps après la mort de maman paralysée par la folie lui a rendu un énorme hommage pour en faire le deuil et dépasser sa pensée. Seulement les enfants n'aiment pas faire le deuil : l'âme de maman, le corps de papa perdurent coûte que coûte.
C'est une erreur philologique de considérer l'un sans l'autre. Ils ont noué à leurs façons l'être et le néant, le positif et le négatif afin d'annuler à deux la métaphysique, le manichéisme des petits esprits.
A la même époque de ce tourbillon chaotique, une pensée a embrassé les espoirs des masses, un nouveau catéchisme a imprégné nos sociétés démocratiques : l'humanisme. Aujourd'hui, c'est une valeur sûre médiatique ... A la suite de Sartre et de Camus, descendants de Rousseau et de son rêve politique d'unir les masses en un contrat impossible, nous avons vu une cohorte d'intellectuels surfer sur le social et le politique : BHL, Debray, Bourdieu, Comte-Sponville, Ferry, Serres ... Leurs élans qui vantent les progrès de l'humain au cœur des catastrophes nient de manière catégorique la question de l'être posée par Nietzsche et celle du néant formulée puis analysée par Heidegger.
Dans l'art et la littérature, l'humanitaire tient la corde avec aplomb face aux tentatives idylliques (l'amour cucu, la famille pathologique, la province psychologique, le conte de fée, l'espoir béat ...) et les fusées désabusées (fièvres trash, cascades techno, récits crus, rêves biotechnologiques, crachat nihiliste ...). Il suffit de lire le spectacle pour prendre la mesure de la maladie du social qui affecte la plupart des créateurs. Il suffit d'avoir vécu la guerre quelque part (Algérie, Kosovo ...), d'avoir été censuré par un pays inflexible parce que non-démocratique (Iran, Vietnam, Chine ...), d'avoir été malade, presque mort, pour émouvoir les masses, les rassurer. "Putain, regarde, il y a plus malheureux que nous".
Une littérature de la mauvaise santé a pris ancrage et elle plaît car nous sommes étrangers à ces contextes pénibles; et de notre bulle consumériste tous ces récits terribles ont la saveur d'un exotisme de la souffrance qui nous terrifie et nous enchante en même temps.
Alors Humaniste ? Jamais de la vie. Nietzschéen ou Heideggerien ? Un rien des 2.

Lionel Dax

 

ANAUX AMOURS

"Dolmancé : Quel cul divin !... Que je le baise !... que je le lèche mille et mille fois !... Tiens, le voilà, ce vit que tu désires !... Le sens-tu coquine ? Dis, dis; sens-tu comme il pénètre ?...
Mme de Saint-Ange : Ah ! mets-le-moi jusqu'au fond des entrailles !... O douce volupté, quel est donc ton empire !
Dolmancé : Voilà un cul comme je n'en foutis de mes jours; il est digne de Ganymède lui-même ! Allons, Eugénie, par vos soins qu'Augustin m'encule à l'instant.
Eugénie : Le voilà, je vous l'apporte. (A Augustin.) Tiens, bel ange, vois-tu le trou qu'il te faut perforer ?
Augustin : Je le voyons bien ... Dame ! il y a de la place là !... J'entrerai mieux là-dedans que chez vous, au moins, mam'selle; baisez-moi donc un peu pour qu'il entre mieux.
Eugénie, l'embrassant : Oh ! tant que tu voudras, tu es si frais !... Mais pousse donc !... Comme la tête s'y est engloutie tout de suite !... Ah ! il me paraît que le reste ne tardera pas...
Dolmancé : Pousse, pousse, mon ami ... déchire-moi s'il le faut ... Tiens, vois mon cul, comme il se prête ... Ah ! sacredieu ! quelle massue !... je n'en reçus jamais de pareille ... Combien reste-t-il de pouces au-dehors, Eugénie ?
Eugénie : A peine deux !
Dolmancé : J'en ai donc onze dans le cul !... Quelles délices !... Il me crève, je n'en puis plus !... Allons, chevalier, es-tu prêt ?...
Le chevalier : Tâte, et dis ce que tu en penses.
Dolmancé : Venez mes enfants, que je vous marie ... que je coopère de mon mieux à ce divin inceste. (Il introduit le vit du chevalier dans le con de sa sœur.)
Mme de Saint-Ange : Ah ! mes amis, me voilà donc foutue des deux côtés ... Sacredieu ! quel divin plaisir !... Non, il n'en est pas de semblable au monde ... Ah ! foutre ! que je plains la femme qui ne l'a pas goûté !... Secoue-moi, Dolmancé, secoue-moi ... force-moi par la violence de tes mouvements à me précipiter sur le glaive de mon frère, et toi, Eugénie, contemple-moi; viens me regarder dans le vice; viens apprendre, à mon exemple, à le goûter avec transport, à le savourer avec délices ... Vois, mon amour, vois tout ce que je fais à la fois : scandale, séduction, mauvais exemple, inceste, adultère, sodomie !..."

Sade, philosophe.

 


Ah le temps qu'il a bu, quel abus haletant !

Adrien Pwatt

LE NEC PLUS ULTRA DU PLAISIR

"Troussée à souhait, jusqu'au-dessus des hanches, madame de Terville s'était assise sur moi : le contact immédiat de ses formes rondes et potelées secondait merveilleusement l'action énergique de l'instrument de nos plaisirs. Celui-ci, tapi soudain dans le centre des voluptés, s'y trouvait, pour ainsi dire, arrêté, fixé, accroché par l'union de son poil avec le mien. Une humidité charmante, causée par l'incroyable activité des désirs de cette aimable femme, ajoutait encore à la vivacité de mes transports; une de mes mains passée le long de sa cuisse, agitait doucement le bas du promontoire qui couronnait le sanctuaire de l'amour, dans lequel j'étais comme à poste fixe, tandis que l'autre main errante sur deux tétons placés à égale distance, en chatouillait alternativement les deux effrontés boutons."


La Belle Napolitaine vue de dos - Cul ivre gravé à l'eau-forte

"Quelle volupté de flatter de la main ces reins souples et cambrés, cette croupe arrondie et divine, ces fesses émues et palpitantes, que l'amour a sans doute pétries pour son usage; de sentir leur doux frottement autour de ma dague animée et brûlante, de provoquer cependant, d'un doigt rapide et doux, ces amples libations dont cette adorable et intelligente demoiselle inondait ses cuisses, les miennes, le meuble, et mon dard qu'une de ses mains cherchait à contenir avec soin dans le carquois de l'amour, tandis que de l'autre, elle chatouillait avec une douceur, une adresse et une expression au-dessus de tout éloge, ces deux globes toujours charmés de n'être point oubliés par la main du plaisir, auquel il servent de témoins !... Quelle scène enivrante et délicieuse."

Vivant Denon

 

FOUTRE VITEMENT !

I
C'est un étrange cas qu'en ce monde qui passe,
Comme on voit les torrents qui s'écoulent en bas,
Si l'homme a du plaisir, il ne lui dure pas,
Et tout incontinent la Nature s'en lasse.

Vous me confesserez que f..tre surpasse
Tout ce qu'on peut sentir d'agréables appas,
Même ce qui se boit au céleste repas,
Comme fait un haut mont une campagne basse.

Toutefois, remarquez, f..tons et ref..tons;
Puis, étant délassés, aussitôt remontons,
Tant que la seule mort nous en ôte l'envie :

Si nous voulons ranger tous nos coups bout à bout,
Quand nous aurions f..tu quinze lustres de vie,
Nous n'aurions pas f..tu six semaines en tout.

II
"Multipliez le monde en votre accouplement",
Dit la voix éternelle à notre premier père,
Et lui, tout aussitôt, désireux de le faire,
Il met sa femme bas, et la f..t vitement.

Nous, qui faisons les fous, disputons sottement
De ce Dieu tout-puissant la volonté si claire,
Par une opinion ouvertement contraire
Nous-mêmes nous privant de ce contentement.

Pauvres ! qu'attendons-nous d'une bonté si grande ?
Ne fait-il pas assez, puisqu'il nous le commande ?
Faut-il qu'il nous assigne et le temps et le lieu ?

Il n'a pas dit, F..tez; mais, grossiers que nous sommes !
Multiplier le monde en langage de Dieu,
Qu'est-ce, si ce n'est f..tre en langage des hommes ?


Malherbe
, Poésies libres

 


Après la publication des "Epigrammes Vénitiennes" inédites de Gœthe
dans Ironie (avril-mai-juin 1999) vient de paraître aux Editions de l'Amandier :
"Concetti ou le v(v)it(z) de Gœthe", texte tiré des "Epigrammes Vénitiennes"
traduites de l'allemand et librement adaptées pour le théâtre par Vania Rechaliev.

Du 17/11/99 au 19/12/99, aura lieu au Théâtre Molière-Maison de la Poésie
un spectacle avec Maria Machado maniant avec brio le v(v)it(z) de Gœthe

> Téléphone/Réservation : 01 44 54 53 13


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