IRONIE numéro 68 - Supplément La Follia (Octobre 2001)
IRONIE
Interrogation Critique et Ludique
Parution et mise à jour irrégulières
> Supplément du numéro 68,
La Follia

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IRONIE numéro 68, Octobre 2001


La Follia

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“Cela s'est passé. Je sais aujourd'hui saluer la beauté.”
Rimbaud

Prologue

   Je suis beau. Je nage dans des volutes opales. J'écoute sa musique et j'observe les draps froissés des nuages. Je n'ai pour ainsi dire aucun fantasme sexuel. Enfin, tout ce qu'il y a de plus classique : un homme, une femme, et le tour est joué. J'ai passé une heure dans le sel de ma mémoire, le ventre au niveau des vagues, à me laisser porter par un courant inédit de pensées soustraites à ce corps qui ne me quitte plus. Tout est resté plus ou moins intact, les mots, les gestes. Chaque jour, je jouis d'un combat avec l'oubli très souvent défait par la persistance de ces moments uniques. Tout rit avec mon corps quand l'eau me prend, quand je joue avec son énergie rythmée. Je crois que seule la mort... J'ai envie d'en dire le moins possible, de garder enfouis ce temps pour moi seul régénérateur. Seulement, c'est omettre le besoin d'exhiber ses expériences. Alors, je les escamote un peu ; je joue des tours à ma vie... Ça y est, je m'érige. Les sens lèvent l'envie, l'eau salée me nourrit de désirs ; et lorsque le mouvement lourd des basses marées fait sourdre l'odeur des coquillages cassés, l'osmose lâche une encre blanche à la surface. Rien n'est moins sûr que l'amour. Laissez-moi rêver.

1

   Depuis mon arrivée, je n'ai pas vu Edouard. Il prépare avec minutie l'inauguration d'un nouveau centre d'art contemporain. L'excès du soleil me pousse à boire, immobile, et me livre à une existence animale à laquelle je n'avais jamais songé. Le cœur, aux moindres oscillations du corps, fuse, et force à garder l'énergie d'un souffle lent.

   Je me suis engagé dans une maison à l'angle d'une petite ruelle. Cette adresse m'avait été confiée par un anglais rencontré au bar de l'hôtel. Nous avions fait connaissance lors d'une visite au temple de Karnak. Il m'avait montré son dieu fétiche, l'ithyphallique Mîn, personnification de la fertilité, avec son sexe à l'attaque. C'était un obsédé heureux. Les crans serrés de sa ceinture tentaient vainement de camoufler un ventre bien rempli. Plus les femmes l'obnubilaient, plus il se trouvait dans l'incapacité de les séduire. Alors, il payait, comme pour l'entrée d'un musée, une excursion de plus. Il avait l'impression de comprendre un peu plus le pays qu'il parcourait. Il m'avait raconté avec beaucoup d'humour ses lubies et me recommanda la fille qui lui avait semblé la plus représentative du mythe égyptien.
   Je sais qu'elle n'a pas joui. Elle s'y refuse : “It's not a problem”. D'ailleurs, on ne s'aime pas, on ne triche pas. “Too dangerous” : éviter de succomber au flot ténu d'un amour qui trépasse de suite. Les hommes doivent s'estomper après l'instant comme les images caduques d'un téléfilm. “Do you want some tea ?”. J'ai posé ma tête un instant sur le rebord de ses hanches, puis j'ai retrouvé la rue.

   Ici, tout s'insinue, surtout lorsque les marchés s'ouvrent à la nuit. Avec précision, j'infuse ma somnolence dans l'air saturé des couleurs gustatives, des fragrances calibrées, et j'inhale le maximum d'aliments indispensables aux songes. Les murs croulent; seules les rues persistent : cris orangés, fusions poivrées, figues hurlées, les fruits jutent. Les architectures pourrissent dans l'essence même des épices. Le temps règle le compte de l'histoire par le truchement du sable. Personne ne verra ce qui restera de ce conflit lent, de ces maisons factices, européennes, posées dans le désert. C'est l'heure de la rosée boueuse. Munis de seaux d'eau, des hommes visent la terre craquelée du jour, voleurs du dieu liquide qui fend le pays en deux fesses sèches. La terre se met à suer, elle aussi à son tour, et la boue âcre s'emmêle aux fantaisies de cet alphabet coloré que forment les victuailles. J'ai ce relent dans la tête, cette vapeur puante criblée d'odeurs assommantes.

2

   Edouard, c'est un renard de première classe qui s'efforce de justifier la construction de ce musée idiot, ici, en face des tombes. Il hisse sans honte le pavillon doré d'un nouveau pôle touristique. Mais, le fond de l'art est faux.
   Ce soir, tous semblent médusés par l'effet micro et la voix mielleuse d'Edouard travaillée pour la circonstance. Son rôle d'ambassadeur culturel le revêt d'une aura qu'il n'avait jamais eue auparavant. Il brandit sa coupe et hurle dans le micro un « champagne « qui provoque un léger larsen. Des « tchin « s'élèvent de l'assistance triée. Dans la rue, les pauvres harcèlent les touristes pour récupérer un peu de monnaie dévaluée. Les bulles s'agitent, les verres se cognent... Les femmes tendent leurs rires vers des regards d'appoint. Il existe une douceur de la séduction, un tremblement de la pensée, un risque à peine perceptible de fléchir quelque part.

   L'onctueux Edouard m'embrasse comme à l'accoutumé. Il sent la frustration des officiels, la transpiration de ceux qui suent pour les autres. A son bras, l'architecte, détendu par tant de formalités, m'explique ses codes, ses plans. Ernest Nourisson signe ses ouvres sous l'égide d'une école américaine, les Melting-potistes. Pour lui l'architecture doit être le creuset des différentes civilisations et symboles, un point de rencontre de toutes les cultures, une richesse conceptuelle qui révèle une esthétique de la confusion. Tout prend sens. Tout a une valeur. Je remarque qu'une bave séchée s'est fixée aux extrémités de ses lèvres.
   – C'est la pierre d'abord, le carré, les habitations, l'administration, droit, angle droit. C'est l'écran, la terre contre le feu. C'est un combat, Bâ, pierre contre Râ.
   Il se dit touché par l'adéquation des dogmes catholiques avec la trinité égyptienne, Bâ, Râ, Kâ. Il y voit le signe évident d'une chance mystique, d'une configuration essentielle pour asseoir un temple de plus au Père-Fils-Esprit. Son bâtiment se divise en trois zones emboîtées, chacune ayant une forme propre, un matériau singulier, une fonction particulière : la structure carrée, l'enveloppe en pierre pour les habitations, les bureaux; ensuite, les salles d'exposition contenues dans un volume sphérique en verre sur quatre niveaux; et au centre de cette bulle une petite pyramide en toile de felouque pour les caisses, le nerf de la guerre.
   – La terre enserre, à l'envers de la nature, le feu du fils dans le bocal mère, la dynamo de l'art, le moteur du lieu, la matrice des expositions temporaires, toujours en gestation. C'est le soleil de l'art transparent, le tourbillon de Râ, la culture microbienne des artistes.
   C'est vraiment n'importe quoi, un melting-pot de conneries à la sauce snob. Une femme s'avance, l'embrasse dans le cou ; il sourit l'air de dire “facile”. Et voilà qu'il enchaîne :
   – Là, regardez, le centre, le cerveau, l'esprit sain du Kâ, l'énergie, la moelle épinière du mouvement d'où part la colonne vertébrale des ascenseurs, une pyramide flottante, l'air et l'eau, antidotes fluctuantes contre le poids du passé.
   Il existe un comique des justifications sérieuses qu'on ne soupçonne pas. Il suffit de se façonner des oreilles ironiques. La voix amplifiée d'Edouard résonne encore pour guider le monde VIP. Ce n'est que le début du programme. J'ai l'impression de retourner en Europe comme on recule en enfance par la force des implications organisationnelles, un aspect colonie. J'entends le mot : “Musique”.

3

   A peine la foule descendue dans l'auditorium, l'orchestre montre déjà ses poumons. Il teste ses respirations, des graves, des aigus, ses doigts, ses outils. La cacophonie qui précède un concert ressemble aux gargouillements d'un ventre qui a faim. Edouard me chuchote : « Le Philharmonique de Vienne, le chef est un ami ». Il a des amis partout, une boussole internationale. A chaque fois que je pars en voyage, il n'oublie jamais de me filer une série d'adresses, des amis. « Alban Berg, Concerto à la mémoire d'un ange ». Je songe au mauvais goût de cette cérémonie Melting-potiste qui métisse Vienne et Louxor, Berg et Nourisson, Désert et musique classique, souk et art contemporain. « Elle, c'est Lyli Variani, une virtuose du violon ». Le concerto commence, doux flottant grinçant.

   Mon œil glisse le long de son bras nu. Brune, cheveux tirés, barrette. Mon globe, bille licencieuse collée à la peau d'elle, mobile aux moindres oscillations de ses membres, suit le flux du son, vif haletant, coup net, doux romantique; me voici dans ses cheveux noirs, iris aveugle. J'honnis la distance du spectateur ; je suis désormais cet œil invisible, juste sensible aux frissons multiples, dansant, désaccordé accéléré. Je me love au creux de son oreille, incognito, doux apaisant. Je réalise le rêve de l'œil, strident torturé, fol aigu, survolté, maintenant dans sa bouche. Je ne reste qu'un temps au milieu de sa salive; je souligne son menton nerveux, droite gauche, posé sur la plaque ébène de l'instrument. Me voici dans le sillon de ses seins, tremblant, rapide fluctuant, bienveillant. Je surfe sur ma pupille dilatée. Dansant doux, j'enveloppe en virevolte les yeux de ses seins. Ça se durcit fougueux, et d'un coup net, elle tranche l'air de son archet – chut. Je ris alors, comme une araignée tissant sa toile autour de sa taille. Nu sous le tissu noir de sa robe, jolie repassée, tendu violent, menaçant, j'habille les sursauts de sa peau mélomane, à l'attaque vacillant. Pause éclair dans le troisième œil enfoui qui nous rattache à la mère. Et de nouveau, le corps se cambre, incisif enrôlé. Je me saoule à la sueur des sons, et rejoins la mousse fine, le bouton secret, l'ouïe vicieuse du ventre; et là, endormi, je rêve d'insomnie, pluie pizzicati, aigu au creux. En fait, lent, plein, calme, je baigne. Puis une vague, un crachat de l'harmonie musicale m'expulse du siège gluant dans lequel j'avais reniflé l'origine. Piquant fougueux, je reprends haleine : c'est au tour des cuisses de se chauffer à mon examen nomade, pistes musclées, cavalcades, jusqu'aux mollets encore cachés, électron aigu. J'embrasse en fin de course, assoupi, les chevilles pâles, et revis, flottant, l'esprit de ses jointures, les canyons de son espace dissimulé. J'arrive, expiration, sur le radeau de ses pieds, et l'envolée retombée des notes ultimes me propulse ailleurs. Elle s'arrête sereine les cheveux en liesse. J'ai disparu. J'ai quitté le zoom des jumelles.

4

   Lyli était très ébranlée après le concert. Sa prudence, carapace élégante des émotions, claquait l'espace bruyant de la mondanité diplomatique. Elle avait ce sourire des anges qui choisissent l'élément crucial de la séduction comme rempart à toutes les adversités. Il fallait poursuivre la promesse des yeux, tenter la chance, dans ces lieux hostiles où les phrases papillonnaient d'une oreille à l'autre. Je me suis rapproché d'Edouard qui la félicitait. Il nous présenta. Très vite notre conversation parut suspecte, coupée par les présentations successives, les bravos et les remerciements à la dérobée... Il fallait se revoir...

   Nous nous sommes retrouvés au bar de son hôtel, le même soir, usant d'une disponibilité illimitée qui signifiait un aveu certain.
   Vers deux heures du matin, les palaces des pays pauvres changent de décor. La nuit répand un autre éclairage sur les passions cachées des hommes. A quelques pas, un disco réveillait les ardeurs crevées par la température asphyxiante du jour. Lyli finissait sa bière. A côté, les hommes blancs venaient voir danser les jeunes arabes sous les lumières saccadées des stroboscopes. Bien perdus dans le souffle de l'autre, soumis aux nuages intermittents de nos cigarettes, nos mots disparaissaient dans la vase sublime de l'impuissance à agir. On voyait distinctement le manège de l'autre. On savait exactement ce qu'il voulait et qu'il le voulait tout de suite.
   On attend un geste qui semble inévitable aux yeux de tous. Et pourtant, le sas est bloqué, la pensée galope comme une folle. Le corps se fige, le veut-elle ? le veut-il ?, comme un félin près de sa proie qu'une once de mouvement peut faire fuir. La pensée s'emballe au moment même où elle doit se taire, laisser le corps libre d'exprimer ses convulsions. De loin, on rit de cette stupidité de la décence, de cette anxiété du désir. Le toucher tabou, séquestré dans l'antichambre des délices, regarde par le trou de la serrure. Il ne voit rien, évidemment; c'est à lui d'entrer en lice, sur la piste ludique des premiers mamours.
   J'ai vu alors ses yeux rougir. Et j'ai répondu, avançant mon visage vers le sien, muet dans ma contenance lubrique. Les mèches de nos langues ont bousillé ce qui restait de nos retenues.
   Elle a empoigné mon genou sous la table pour le conduire sous sa robe noire, le faire luire. Les ventres pressés par la table chancelante, elle a roulé son sexe autour de ma rotule, un verre est tombé sur la moquette. Elle m'a embrassé en rafale... La beauté se léchait les babines.
   Il était quatre heures du matin; la nuit mourrait en silence. Nous nous sommes revus le lendemain dans la chambre du Président.

5

   Lâchés sur le marbre bleuté de la salle de bain, ses cheveux mouillés couvrent son visage. Les graciles filaments bouclés bruns crispent le temps comme des nervures de joie. Je crois qu'il fait jour.

   Elle reste là, nue, les paupières canailles. Je repense au pourboire donné pour visiter cette chambre baroque, la suite du Président, un bon pourboire afin de rester seuls. Au cours d'un dernier effort photographié, le Président avait choisi le point de vue de la chute, vanité ultime de voir saigner chaque soir l'ovule solaire. Je m'accroupis et flatte sa nuque moite. Mon sexe pend comme une peau d'amour devant son nez. Il goutte. La fontaine du temps se tarit. Il faut pourtant se réveiller, refaire surface. C'est le moment le plus pénible. Les mots ne surgissent plus. Et néanmoins, ce sont eux qui reprennent le dessus les premiers. Il faut se rhabiller, le garçon risque d'entrer.
   – Tu as connu le Président ?
   – Non.
   – Une fois, j'ai joué pour lui, à Paris, au Palais.
   – Quoi ?
   – Un Schubert : “La jeune fille et la mort”; il pleurait...
   – Il jouait !

   Devant le miroir en triptyque, elle enfle le feu de ses cheveux, alors que j'essuie discrètement l'effet de nos traces. C'est ainsi que nous doutons de l'acte. C'est un point d'ivresse. Les repères flanchent, avalanches des certitudes, lorsque la respiration s'active à nouveau. C'est l'incidence pour réapparaître à la face irradiée du réel. Devant la porte, elle lance au garçon, pas si dupe, un “It was wonderful”. Je me rappelle Edouard à la fin du concert : “C'était merveilleux”. Oui, c'est cela.
   A la hâte, je griffonne l'adresse de mon hôtel sur un papier froissé que je glisse dans son sac. Viendra-t-elle ? C'est le pari de l'incertitude, la liberté du désir...

6

   Sortie du bain, Lyli omet de se sécher. Je la chatouille, alors elle rit. Je serre mon membre afin de sentir sa vigueur, son volume, en phase avec ce doigt qui juge le réceptacle. Je mue et lape le lippue de la peau, sans hésitation. Le bouquet baigne dans ma bave amusante. Je profite de sa géographie. Rien n'est plus vrai que le temps de cet acte, absurde au reste. Un rien nous unit, et l'espace importe peu, autre que celui resserré des râles. Mon gland rouge à lèvre souligne avec application les contours ourlés de son excavation vaseuse ; mon sexe cosmétique teste le mou rose de son seuil. Je la pousse vers la beauté... Avez-vous remarqué l'air ravi d'une femme qui reçoit ? C'est une moue lustrée, une manne discrète qui s'ouvre à la contemplation lascive du reptile. Je confonds ma chair, le visible n'y suffit plus. Le dévoilement n'est jamais qu'une utopie.
   Maintenant, je tiens son pied, je joue avec. Elle laisse la douceur l'envahir. Depuis deux jours, mes yeux ne la quittent pas.
   Elle dort à moitié; ma langue court sur ses muscles. Je pose l'oreille stéthoscope sur son nombril. J'écoute la mer de ses entrailles. J'essaye de comprendre le chemin de ces sons mouillés : glouglous volcaniques, fusées chimiques, pincées organiques, fluides bouillants... J'essaye de comprendre... Jamais le même frou-frou intestinal. Les gargouillements crachent des questions. Le corps, une danse de sons; son ventre, le coussin du verbe.

7

   L'horizon du désert : c'est hier que nous avons décidé cette escapade vers la mer Rouge. Le bus fonce comme un mirage au milieu du sable. Je baise son épaule. Il y a un enchantement de la fuite. J'oublie de dire où je suis, me fais la belle ! Les mots d'Edouard à l'hôtel sont restés sans réponse. Je n'ai plus envie d'émettre. Je suis libre maintenant, je ne sais rien d'elle, juste l'intime surface de ses plaisirs aperçus sous le voile de la pudeur. On retrouve le swing de l'adolescence qui navigue à l'intuition. Je bascule. Je ne sais plus au juste combien de temps sommes-nous restés ici, à se saler la peau halée, à se décortiquer, je ne sais plus. Il surgit une euphorie indéfectible à être continuellement hachesse de l'autre. C'est là, en fait, que tout se joue : dans l'épuisement des après-midi, quelques livres au pied du lit, le langage des légères morsures au creux du cou, un chuchotement spirituel qui attise l'espièglerie. C'est se perdre enfin, goûter l'être, son rire. Les sens prennent de la graine, s'explorent, s'expriment, s'esquivent... On se jette au soleil, on vole le feu des entrailles; et l'eau s'allie à nous... Jouir, c'est saisir la nouveauté dans la répétition, jouer des coups inédits, stratégie piquante de l'improvisation, une esquisse toujours. En fait, les détails s'échappent de la mémoire. Ne reste plus que l'insolence, l'insolation des êtres. Je bois à la surface du temps ce verre partagé de karcadé glacé.

(à suivre...)

Lionel Dax


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