IRONIE numéro 40 - Supplément Les yeux en face des trous ! (épisode 5 et FIN)
IRONIE
Interrogation Critique et Ludique
Parution et mise à jour irrégulières

> Supplément du numéro 40,
"Les yeux en face des trous !"
(cinquième et dernier épisode, nouvelle inédite de H. R.)

 

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IRONIE numéro 40, Mars 1999


LES YEUX EN FACE DES TROUS !
Cinquième épisode
(premier épisode dans le supplément 36 d'Ironie,
deuxième épisode dans le supplément 37 d'Ironie,
troisième épisode dans le supplément 38 d'Ironie
quatrième épisode dans le supplément 39 d'Ironie)

Juliette était une femme d’une quarantaine d’années. Elle était de taille moyenne, et avait le pelvis assez large. Ses jambes, habituées à de nombreuses allées et venues parmi les chambres des malades, laissaient apparaître, ça et là, des veinules de couleur violacée. Le visage, anormalement rond, était fait d’un curieux mélange de grâce et d’infortune : le nez, petit et élégant, partageait la moitié inférieure avec une bouche trop large et dont les lèvres étaient exsangues ; les yeux, mobiles et pétillants, juraient avec d’horribles sourcils qui donnaient à l’ensemble un air austère. La chevelure, brune et épaisse, lui dissimulait tout à fait les oreilles. Juliette, en se répétant la question de Jean, pensa immédiatement à sa poitrine. Souvent, avant de se coucher, elle se regardait, nue, devant la glace. Les bourrelets autour des fesses, les varices le long des jambes, elle ne les voyait pas : elle s’étonnait seulement que ses seins aient encore cette fraîcheur, après toutes ces années. Elle admirait la fermeté, la blancheur, la rondeur, et puis cette aréole, large, rose, charnelle, et enfin, ce petit bout de chair cramoisi, toujours tendu, d’une sensualité infinie. Elle aurait voulu que la lumière n’éclaire que sa poitrine, et que des hommes soient là, tapis dans le noir, les yeux fixés sur la seule partie de son corps qu’elle pouvait exhiber avec fierté. Elle se rappelait, quand elle leur faisait leur toilette, de toutes ces femmes au visage superbe et prometteur, et à la gorge flétrie et décevante. Il lui semblait profondément injuste de ne pouvoir montrer au reste du monde que cette tête ronde et mal dessinée, et une paire de jambes abîmées, alors qu’elle possédait un buste superbe :

Jean brûlait de parler à sa femme. Il voulait lui dire tellement de choses qu’il ne savait pas par quoi commencer. Il lui dira à quel point il l’adore, bien évidemment, il commencera par ça. Ensuite, il lui parlera de ses yeux, et se plaindra de ne plus jamais pouvoir la voir. Elle se mettra à pleurer, certainement, et Jean pleurera avec elle. Au fond, n’était-ce pas tout simplement de ça dont il avait tellement besoin : pleurer ? Pleurer avec sa femme, pleurer à chaudes larmes ? Jean attendait ce moment avec hâte et appréhension. Les paroles du professeur Lenowski lui revinrent à l’oreille : « A vingt-trois heures, vous grillez un feu, à la porte de Saint-Mandé… » Jean n’arrivait pas à comprendre. Pourquoi avait-il brûlé ce feu, lui qui était si attentif lorsqu’il conduisait ? Le panneau tricolore était-il en panne ? Jean avait-il confondu l’ampoule avec le néon d’une enseigne ? Et si c’était l’autre qui était passé au rouge ? Après tout, à l’heure qu’il était, les témoins ne devaient pas être légion, et vu l’état dans lequel Jean se trouvait après l’accident, le chauffeur de la fourgonnette aurait été stupide de ne pas en profiter pour imposer sa propre version des faits. Il se laissa persuader par cette idée et lâcha sa conclusion à haute voix :

Cet énervement eut pour effet de lui faire ressentir comme un picotement en dessous des paupières. Une détresse le saisit alors. La perspective de ne plus jamais voir lui était inadmissible. Il y avait, pensait-il, quelque chose de terrifiant dans ce mot : jamais ! Le caractère définitif qu’il rendait aux autres mots ou expressions, produisait une sorte de malaise physique : « Il y a une chose que vous devez savoir : vous ne verrez jamais plus… » Jean retournait cette affirmation du professeur, sans réussir à la tenir pour vraie. N’y avait-il pas moyen, avec la science, la médecine, la technologie, le progrès ? Le docteur n’était sans doute pas au courant des dernières techniques ; mais Jean irait voir les meilleurs spécialistes, et il y en aura bien un qui lui dirait la phrase magique et inespérée que tout malade rêve opiniâtrement d’entendre :

Non, il était en train de se monter la tête : c’était d’un vilain avenir qu’il était question… Aveugle ! Il était aveugle, irrémédiablement aveugle ! Il faudrait qu’il s’y fasse, et le plus sage était de commencer à s’y habituer dès à présent. Il martela les trois syllabes, comme pour s’en souvenir longtemps. Puis il tenta de rassembler d’autres mots : cécité, non-voyant… Il se fit la remarque que l’adjectif céciteux n’existait pas, tandis que le terme aveuglement signifiait tout autre chose. Il pensa à la canne blanche dont il faudrait qu’il se serve pour se diriger. Il imagina sans peine la phrase qu’il devrait supporter à longueur de journée : « je peux vous aider à traverser ? » Enfin, il distingua deux sortes d’aveugles : ceux qui, comme lui, ont perdu la vue, et ceux qui sont aveugles de naissance. Il s’attarda quelques instants à comparer les avantages et les inconvénients de ces deux catégories de malchanceux, avant qu’une idée lui traverse l’esprit :

Cette découverte lui impulsa une véritable bouffée de joie. Il aspira une grande poumonée d’air et bloqua sa respiration quelques secondes, avant de souffler longuement. Cet exercice lui permettait de prendre conscience de la vie qui bouillonnait en lui, exactement comme un cheminot vérifie la pression qu’il y a dans les pistons, en faisant siffler la vapeur. Il se rappelait lorsque sa mère se plaignait auprès de son père : « Il va falloir lui trouver une activité ; il ne sait plus quoi faire de sa force, on dirait qu’il n’est jamais fatigué… »

Une sensation de bien-être se glissa dans son corps : il eut envie de courir, comme quand il était enfant, jusqu'à être complètement épuisé, à bout de force, abruti de fatigue physique. Il se releva sur son oreiller et commença à fouiller sur la table de nuit. Les dix minutes devaient être écoulées, et il avait terriblement envie d’entendre la voix familière de sa femme. Il attrapa un fil, et en le suivant, atteignit le combiné. Il composa le numéro qu’il connaissait de tête, et approcha l’ écouteur de son oreille. Plusieurs sonneries s’écoulèrent, puis il y eut un bruit, comme une fiche qu’on enclenche :

Jean reposa l’appareil avec fureur : « Idiote ! Elle m’a connecté sur les cabines du rez-de-chaussée… » Il laissa encore échapper une injure, jugeant qu’à l’heure des téléphones sans fil et des mobiles, il était absolument invraisemblable que le service public ait encore des commutateurs à fiches. L’idée qu’il ne puisse pas s’épancher auprès de sa femme avant le lendemain le crispa : sa vessie se contracta, et il déversa un long jet d’urine au travers du tuyau qui était fixé à sa verge. Il se sentit immédiatement soulagé, bien qu’un morceau de sparadrap le gênait. Cela faisait pourtant plus d’un quart d’heure que l’infirmière était partie, il en était certain. Il passa la main sous la couverture pour atteindre le collant qui lui faisait mal : l’adhésif était emberlificoté dans sa toison pubienne. Tandis qu’il essayait de défaire le bout de scotch, la certitude qu’il venait d’avoir se dissipa comme un nuage : comment pouvait-il être aussi sûr du temps, maintenant qu’il ne pouvait plus en lire l’affichage sur une horloge, une pendule, un réveil ou une montre ? Cette réflexion l’apaisa. Sa hâte de parler à son épouse l’avait induit en erreur : à peine plus de cinq minutes devaient s’être réellement écoulées depuis le départ de l’infirmière. Il suffisait de patienter, il n’y en avait plus pour longtemps. Il détacha la main de son sexe, estimant qu’il souffrirait bien davantage s’il enlevait le fixatif, sans compter qu’il faudrait bien le replacer à un autre endroit pour maintenir le tuyau en place, et les parties glabres étaient assez rares dans cette région du corps :

Cette phrase lui frappa l’esprit comme un coup de mailloche contre un gong. C’était Paul qui avait avancé cette suggestion. Il était surexcité : lorsque, dans l’après-midi, il avaient annoncé le résultat de l’audit à Paris, le boss leur avait aussitôt promis une prime spéciale. Ils étaient allés fêter l’heureuse nouvelle dans un pub très à la mode, à la périphérie du quartier des affaires. Thierry avalait les bières d’une seule traite. Paul répétait sans cesse le montant de la prime. C’est vrai qu’il s’agissait d’une somme vertigineuse :

Thierry était d’accord. Au bout de quelques Heineken, Jean avait fini par céder, lui aussi. Ils étaient partis, ensemble, entonnant Sambre et Meuse à tue-tête, s’infiltrant, au travers des ruelles sombres, dans le quartier des maisons closes, des bouges et des cabarets, des fumeries et des tripots. La suite reste très approximative. Jean se rappelle d’un endroit parfumé, avec des femmes. Il voit Paul, caressant le bas ventre d’une prostituée. Il aperçoit Thierry, vautré dans un sofa, l’air absent. Il se rappelle du visage d’une jeune fille. Etait-ce avec elle qu’il avait passé la nuit ? Etaient-il ensuite rentrés tous les trois ? Non, ils avaient dû se séparer… Jean avait des peines infinies à rassembler ses souvenirs. Oui, ça lui revenait : il se remémorait le corps nu de la jeune fille… Etait-elle majeure ? Son squelette paraissait si frêle ! On aurait dit une enfant… Que s’était-il passé ? Une image floue se dessina de plus en plus précisément contre la rétine de l’aveugle : il voyait, à quelques centimètres de ses yeux, le sexe rose et imberbe de l’adolescente, les cuisses écartées de façon lubrique. Que cherchait-il, le visage si près de son appareil génital ? Lui avait-il léché les parties intimes ? L’anus ? A quel genre de bassesses s’était-il livré ? C’était épouvantable ! Quelle abjection ! Comment avait-il pu, lui dont la sexualité était tellement conventionnelle ? Avec sa femme, il ne se permettait jamais le moindre écart ! Il la prenait à la missionnaire, depuis des années. Un jour, il avait tenté de la sodomiser. Il lui avait glissé quelques mots salaces dans le creux de l’oreille, dirigé son sexe en érection contre le fessier, et cherché avec le gland le petit orifice :

Il avait renoncé, bredouillant une kyrielle d’excuses lamentables, qu’il avait préparée à l’avance. Ce refus l’avait convaincu de ne jamais recommencer. Mais ce petit drame de la vie intime d’un couple qui, au fond, avait été sans conséquence, n’était pas anodin : Jean y repensait, maintenant qu’il savait qu’il avait commis des choses sales et répugnantes. Bien qu’il s’en souvenait à peine, il en était à présent intimement persuadé : il s’était abandonné à des actes de luxure dégradante avec une jeune fille d’une quinzaine d’années, à des milliers de kilomètres de son foyer conjugal. Avait-il honte ? Se sentait-il coupable ? Il ne s’agissait pas de cela… Jean venait de comprendre qu’il avait été frustré. A Hongkong, à l’abri de tout jugement, galvanisé et ivre, il avait saisi cette occasion unique pour donner à son corps, une nourriture dont il avait été longtemps privé :

Ce rectificatif avait été prononcé à haute voix, comme certaines phrases qu’il est nécessaire d’entendre, dites de sa propre bouche. Le véritable coupable, c’était l’esprit ! Le stupre, Jean le réalisait cette fois tout à fait, n’était pas, ou si peu, une affaire physique : il s’agissait simplement d’une anomalie mentale. Chacun des iconoclastes du bordel de Madame Jiang, dont Jean avait nourri son imagination durant le délire qui avait précédé son réveil, représentait un fantasme. Mais n’était-ce pas de son propre esprit qu’étaient nés ces monstres sexuels ? N’était-ce pas ses propres déviations refoulées qu’il avait ainsi mises à nu, aidé probablement par les drogues puissantes que l’anesthésiste lui avait fait ingurgiter ? Jean prit enfin conscience de toute la laideur qu’il abritait en son sein : «Quelle espèce de puanteur peut-il y avoir sous un crâne !» Il prit le sien à deux mains, comme s’il voulait l’arracher du reste de son corps. Comment avait il pu vivre aussi longtemps, en se connaissant aussi peu lui-même ? Quel aveuglement ! Ce mot raisonna de façon ironique à l’intérieur de son cerveau dont il renonça à se séparer, laissant retomber ses mains le long des draps. Il sentit à nouveau le besoin pressant de parler à sa femme, espérant que sa voix le délivrerait de ses affreuses pensées. Il étendit la main, et balaya avec celle-ci le dessus de la table de nuit. Après avoir ramené le combiné, il composa lentement les dix chiffres, réfléchissant aux premiers mots qu’il allait dire. Le timbre lancinant de la sonnerie allait retentir une quatrième fois, lorsqu’un déclic annonçant qu’on décrochait le récepteur se fit entendre :

Le cœur de Jean débordait de joie. Cette voix familière était une véritable lumière, dans l’océan de ténèbres où il se trouvait. Ne jamais plus voir ? C’était sans importance ! Il avait une famille qui l’aimait, et cette seule certitude suffisait à le remplir d’un élan féroce. Il voulait vivre, simplement vivre ! Subitement, l’envie d’étreindre son épouse lui apparut. Il voulait la serrer contre lui, sentir son cops chaud contre le sien. Et puis, il voulait la déshabiller, caresser ses formes rebondies et sensuelles, et enfin, la pénétrer, à la missionnaire, comme ils en avaient l’habitude. Oui, il sentait un désir immense envahir son corps. Il lui dirait simplement ceci : « J’ai envie de toi ! » Bien sûr, il commencerait par lui dire ça, c’était la chose la plus importante. Il guettait avec son oreille le moment où elle saisirait le combiné. Il la voyait, habillée de son peignoir blanc, une serviette autour des cheveux de laquelle dépasseraient quelques boucles mouillées. Le bruit métallique d’une fiche que l’on sépare de sa gaine se propagea le long de l’écouteur :

L’écouteur renvoya un bruit sourd, provoqué sans doute par le choc du combiné qui venait d’être raccroché. Jean identifia ce son comme celui d’une branche qui se casse. Il aperçevait très nettement le tronc de l’arbre duquel elle s’élançait, longue et noueuse. Il s’agissait d’un arbre gigantesque dont il ne voyait ni la cime, ni le pied. Il était là, assis à califourchon sur cette branche qui venait de se déchirer et qui, pourtant, n’avait pas encore bougé. Il se savait perdu, condamné à une chute terrible, une dégringolade vertigineuse. La voix de l’Asiatique bourdonnait dans sa tête comme un insecte prisonnier : « Monsieur de la Houssaie… », répétait-elle incessamment, dans un vacarme de plus en plus assourdissant. C’était comme un chuchotement insidieux qui grossissait et devenait intenable ! Les idées et les images que Jean avait à l’esprit fuyaient et s’entrechoquaient dans une confusion inimaginable. Tout était soudain avalanche, tornade et déluge ! Puis, il se sentit pris d’un léger vertige.

Tout à coup, ses muscles se crispèrent avec violence. Ses membres se rigidifièrent, comme si des mains invisibles les maintenaient avec force contre son corps. Sa gorge se serra malgré lui, entraînant la langue très profondément à l’intérieur de la bouche. La glotte se plaqua contre le palais, formant de la sorte, un étau ferme et tenace. La mâchoire, enfin, se contracta si fort qu’il crut qu’elle allait se fracturer. Jean comprit que son conduit respiratoire était neutralisé. Sa face était entièrement tétanisée. Il était en train de s’étrangler. Il s’asphixiait, et il ne pouvait plus bouger. Il fut saisi d’une détresse indescriptible :

Le silence lui glaça les os. Il ne pouvait plus ouvrir la bouche : ni pour respirer, ni pour crier ! Le nœud qu’il avait au fond de la gorge était définitif… L’air lui manquait cette fois tout à fait : une panique sans nom lui donna la force ultime de s’extraire du lit. Sa tête heurta violemment la table de nuit, entraînant, avec le reste de son corps, tout ce qu’elle supportait d’objets et de fruits sur le carrelage. Le bandeau qui entourait sa tête resta accroché à la clef du tiroir, découvrant ainsi sa blessure sanguinolente. Une dizaine de minutes plus tard, l’infirmière réapparut dans l’encoignure de la porte :

Elle s’approcha du corps, sans marcher dans la flaque de sang, et en évitant les mandarines qui avaient roulé alentour. Elle s’agenouilla et lui pressa un doigt, espérant qu’il n’était pas trop tard, puis reposa la main déjà engourdie du moribond. Elle se releva, fit un bref signe de croix, puis recula de quelques mètres. Elle l’observa quelques instants. Elle allait sortir prévenir le médecin de garde, lorsqu’un souvenir d’enfance lui traversa l’esprit. Elle se rappelait d’un jouet. Il s’agissait d’une demi-soucoupe retournée à l’intérieur de laquelle le visage d’un clown était dessiné, avec un trou à la place de chaque oeil. Il y avait également deux billes qu’il s’agissait de replacer à l’intérieur des orbites. Il fallait manœuvrer l’instrument avec habileté pour ne pas chasser la première bille en essayant de mettre la seconde. C’était idiot de penser à cela. Il n’empêche, les mandarines à quelques centimètres de ce visage sans yeux, sans vie…

Elle fit quelques pas en direction du couloir, puis comme elle passait devant la glace, s’arrêta. Elle hésita un peu, puis déboutonna les deux premiers boutons de sa blouse et en écarta les deux pans de façon à dégager sa poitrine. Elle pivota légèrement, pour pouvoir offrir le meilleur angle au miroir. Enfin, elle pinça chaque mamelon, jusqu'à ce qu’elle sente une douleur insignifiante et, presque immédiatement après, une roideur triomphante. Elle se souleva sur la pointe des pieds et se laissa retomber de quelques centimètres, insufflant à son corps une ondulation lègère. L’infime secousse se propagea le long du buste, et fit faire un hoquet érotique à la gorge large et souple, libre et sensuelle, ferme et majestueuse.

Juliette referma lentement sa blouse et, sans jeter un regard sur son visage, s’éloigna du miroir. Elle éteignit la lumière, referma la porte, et se dirigea vers le poste de garde.

FIN

Henri Rabien


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